Découvrir la rizière (5)

Du croisement

Le printemps dernier, en roulant sur la piste cyclable du fleuve Tone, j’ai aperçu une repiqueuse qui s’affairait à repiquer huit rangs de riz entre des plants précédemment repiqués sur quatre rangs. Ça m’a tellement intrigué que je suis descendu sur le bord de la rizière pour m’informer auprès d’un travailleur agricole qui marchait le long de la digue. Il m’a expliqué que les plants déjà repiqués étaient les « pères » ( 父親 (ちちおや) ) et que ce jour-là il repiquait les mères ( 母親 (ははおや) ). Je me suis dit qu’il s’agissait probablement de croisements de variétés du riz, et comme il avait l’air pas mal occupé, je n’ai pas voulu le déranger davantage en plein travail et suis retourné sur la piste cyclable.

De retour à la maison, je n’ai rien trouvé sur Internet au sujet des 父親 et 母親 dans la riziculture japonaise. Ce coup-ci, la grande toile n’avait rien à raconter. J’ai tâté le terrain du côté de Geo Pottering également, mais en vain : personne n’avait jamais entendu parler de ces papas et mamans repiqués.

Je suis repassé plusieurs fois devant cette rizière au cours de l’été, et chaque fois les mamans avaient rattrapé un peu plus les papas. Et chaque fois je trouvais ça un peu plus joli, faute de savoir au juste de quoi il retournait.

Récemment, en lisant à gauche et à droite sur Internet, je suis tombé sur une photo de cette rizière, ce qui m’a permis de remonter jusqu’à son propriétaire, 柏染谷農場 (Kashiwa Someya Nōjō) .

Kashiwa, c’est la ville d’à-côté, quelques coups de pédales suffisent pour s’y rendre. Et je me suis dit qu’entre voisins, rien n’empêchait de s’envoyer un petit courriel de présentation et, du même coup, de demander plus de détails sur les papas et mamans du printemps dernier. J’ai envoyé mes deux photos, ai raconté l’explication que m’avait donnée le travailleur, ai expliqué que ça m’intriguait beaucoup et ai ajouté que ça m’intéressait vivement. Puis j’ai prié pour que cette bouteille lancée dans la rizière arrive à bon port et y soit bien accueillie.

Le lendemain matin, au réveil, la réponse flottait devant ma boîte à lettres électronique.

お問い合わせいただいた写真の田んぼは、F1種子(一代交配種)の採種圃場です。父親というのはオス株、母親はメス株のことを言ったのですね。La rizière de la photo que j’ai reçue avec votre demande de renseignement est celle d’un champ à semences F1 (hybrides F1). Ce qu’il a appelé les papas sont des kabu mâles, tandis que les mamans sont des kabu femelles.

メス株の花粉の開花に合わせて、オス株と受粉させます。 (農場ではラジコンヘリコプターの風を使って受粉させます)Au moment de la floraison du pollen des kabu femelles, nous les faisons polliniser avec les kabu mâles. (Dans le champ, nous faisons du vent avec un petit hélicoptère télécommandé pour provoquer la pollinisation.)

交互に植えているので、不思議なしま模様になって見えます。 収穫時はメス株だけをF1種子として採種します。C’est parce qu’elles [les variétés de riz] sont plantées en alternance que la rizière prend cette allure étrange de motif à rayures. Au moment de la récolte, nous récoltons uniquement les kabu femelles, en tant que graines F1.


Quelques termes

Bref, cette ferme produit des semences hybrides F1 de riz. Le kabu dont il est question ici désigne les plants que l’on repique ensemble dans la rizière par groupe de trois à quatre. Concrètement :

1 graine de riz ( 種籾 (たねもみ) ) → germe et donne 1 plant ( (なえ) ) à repiquer

3 ou 4 plants repiqués ensemble → forment 1 kabu (株)

Les kabu sont alignés en rangs dont le nombre varie (sur mes deux photos, les mâles sont plantés sur quatre rangs et les femelles sur huit, mais il y a d’autres variantes). Les plants vont ensuite taller (se ramifier en faisant pousser des tiges secondaires) et former des épis ( 稲穂 (いなほ) ) qui vont donner des grains ( (つぶ) ).


De la récolte et du séchage

Quand la récolte se fait à la main, sur les petites exploitations, on saisit le kabu d’une main pour le couper de l’autre avec la faucille, à cinq ou six centimètres du sol. Après cinq ou six kabu, on a la main pleine et dépose donc la gerbe ( 稲束 (いなづか) ) sur le sol avant de continuer. La première moitié de la journée de travail est consacrée à la récolte (la coupe, 稲刈り (いねかり) ), puis, dans la deuxième moitié, on lie les gerbes et les accroche ( 稲架掛け (hasakake) ) pour les faire sécher. (👉 source)

Lors de la balade 日向薬師と彼岸花 (Le temple Hinatayakushi et les lycoris rouges) du 25 septembre 2022, les cyclistes de Geo Pottering sont passés devant des gerbes de riz accrochées pour le séchage ( 稲架掛け (はさかけ) ).

Un peu plus loin, un homme et une femme accrochaient les gerbes transportées sur des brouettes.

De nos jours, même sur les petites exploitations ce sont souvent les machines qui coupent et lient les kabu. Ce qui n’empêche pas de faire le travail à la main, comme autrefois, pour les faire sécher.


Balade solo

Voici une partie d’une balade réalisée en solo le 2 mars dernier, le long de la rivière Moto-Arakawa (元荒川).


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