Sur les traces de Geo Pottering ­(9)

Les Cent vues d’Edo de Hiroshige à vélo : estampe 6

(Balade du 26 décembre 2019)

Dans le billet d’aujourd’hui nous allons au sanctuaire Ōji Inari, lieu de la sixième estampe de notre trajet à travers l’arrondissement de Kita à Tōkyō.


Liens : Compte rendu en japonais / Fichier gpx en français / Google Map / Garmin Connect / Ride With GPS / Vidéo


Longueur du parcours : 38 km

Niveau de difficulté : Facile (terrain plat)

■ Gare Tabata, sortie sud

(… billet précédent : 13 km)

▸ Sanctuaire Ōji Inari : 13,8 km

▸ (… billet suivant)

■ Gare Tabata, sortie nord


🚲 Sur la carte, nous nous déplaçons maintenant du point 5 au point 6 pour nous rendre sur les lieux de la sixième estampe, comme le faisaient autrefois les renards mythiques avec leurs flammes mystérieuses…

En quelques coups de pédales, nous atteignons le sanctuaire Ōji Inari, emplacement de la sixième estampe, 王子稲荷乃社 (Ōji Inari no yashiro), que voici :

Le sanctuaire Ōji Inari, septembre 1857 1

Le sanctuaire Ōji Inari, décembre 2019

Remarquez, en passant, la position des gens venus prier sur l’estampe, et celle de nos cinq cyclistes… ^_^

Cette fois-ci, côté ressemblance, nous sommes plutôt choyés. On s’y croirait presque, avec un brin d’imagination, non ? Chose sûre, nous savons clairement où se tenait le peintre Hiroshige dans l’enceinte du sanctuaire, avec comme points de référence le toit (recouvert d’écorce de cyprès du Japon sur l’estampe, mais de plaques de cuivre sur la photo), le torii à l’entrée du sanctuaire et le mont Tsukuba tout au loin. Impossible de se tromper… c’est tout juste si nous n’allons pas marcher sur les pieds de Hiroshige !

Devant le sanctuaire se profilent des toits de chaume, probablement ceux de maisons de thé, et derrière ces toits, des pruniers en fleurs, petit détail qui a son importance, car si nous avions jusqu’ici compris d’où l’estampe a été peinte, nous allons maintenant savoir à peu près quand  elle l’a été : pendant le matsuri du sanctuaire, qui a lieu le jour du premier cheval du mois (hatsu-uma 初午) de février (le cheval du zodiaque chinois) dans l’ancien calendrier lunaire (旧暦), que l’on utilisait encore à l’époque de Hiroshige2. Pourquoi cette date ? Parce que ce serait ce jour-là qu’autrefois, selon la légende, la divinité Inari serait descendue sur le mont Inari.

Environ le tiers des sanctuaires shintō sont dédiés à la divinité Inari. Quand vous roulez ou marchez au Japon, ces sanctuaires sont faciles à reconnaître par la présence de statues de renard devant ou dans l’enceinte. Celui-ci ↓, quand nos amis de Geo Pottering sont allés au sanctuaire ce jour-là, semblait porter ses vêtements des grandes occasions…

Pour les gens qui pratiquent le culte d’Inari, le renard est un messager de cette divinité, et, entre autres choses, un protecteur des foyers. Parce que pour les paysans d’autrefois, le renard descendait de la montagne3 au printemps pour venir manger les souris dans les champs, puis s’en retournait à l’automne, donc après les récoltes. Les statues de renard peuvent parfois avoir des objets dans la gueule, une clé par exemple — celle de l’endroit où l’on stocke le riz —, ou une faucille. Dorénavant, vous saurez pourquoi.


Il nous reste encore une estampe dans cet arrondissement, mais pour l’atteindre nous allons devoir pédaler un peu plus. Prêts ? Alors enfourchez vos vélos et suivez-moi dans le billet suivant…

À suivre…




  1. La date est celle de l’estampe, et non de la saison de la scène qu’elle représente. ↩︎

  2. C’est en 1873 que le calendrier solaire a été adopté au Japon. ↩︎

  3. Quand on dit la « montagne », au Japon, il faut comprendre qu’il s’agit très souvent de la forêt, celle-ci étant généralement montagneuse, par opposition aux zones habitées et cultivées des plaines. ↩︎