コバエ
En général, plus on s’éloigne de Tokyo et plus la piste cyclable s’amincit. Et comme toute règle générale a ses exceptions, Grincheux et moi passons souvent par de petites municipalités où, curieusement, la piste devient aussi large, sinon plus, que la route qui la longe.
Parfois, et surtout sur les rives du fleuve Tone (利根川), la piste est tout juste suffisamment aménagée pour permettre les petits déplacements quotidiens des résidents locaux, ou à ceux du sans-abri du coin, espèce rare de la faune environnante qui, sur cette photo, se faufile entre les herbes et les fissures à hauteur de la ville de Kashiwa (préfecture de Chiba).
Bien ou mal entretenues, les pistes étroites ont aussi la mauvaise habitude d’attirer parfois les moucherons.
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Dis donc, Grincheux, comment vous dites ça, en japonais, un « moucheron » ?
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C’est quoi, un moucheron ?
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Euh, en fait ça n’existe pas vraiment, c’est juste un terme générique pour désigner tout un tas de petits insectes qui ressemblent aux mouches et aux moustiques.
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Tiens donc, on a un équivalent parfait en japonais : コバエ…
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Kobae ? Ça sonne plutôt comme un « bébé de mouche »…
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Non-non, le ko désigne une petite mouche, pas le petit d’une mouche !
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Ah bon. En tout cas elles sont parfois tellement nombreuses sur la piste qu’il est impossible de rouler, on en avale par la bouche, les yeux, les oreilles…
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Oui, et bien que je ne sois encore qu’un petit vélo-gamin, j’ai quand même élaboré ma petite hypothèse personnelle à ce sujet…
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Je serais curieux d’entendre ça !
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Les conditions favorables sont, d’après moi, une longue période de pluie pour favoriser la naissance d’un tas de nouveaux moucherons, ainsi qu’un chemin étroit, asphalté et protégé du vent par les mauvaises herbes qui poussent des deux côtés. La chaleur de l’asphalte provoque un courant d’air chaud qui forme une colonne bien droite dans laquelle les moucherons se laissent flotter en tourbillonnant.
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T’es vraiment génial, Grincheux !
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Je sais.
Les conseils de Grincheux
Pour rouler en ville et près des gares avec un vélo pliable, un simple rinkōbukuro (輪行袋) suffit, mais dès qu’on s’éloigne un peu il vaut mieux prévoir les coups durs. Moi, je ne pars jamais sans un porte-bouteille et tous les outils adaptés à mes vis et boulons. J’apporte aussi une mini-pompe et un adaptateur pour vélo d’enfant (autrement, impossible de refaire le plein d’air sur un vélo à roues de 14 pouces, les rayons sont tellement près l’un de l’autre que la tête de la pompe ne passe pas), tout ce qu’il faut pour remplacer la chambre à air, un petit couteau suisse et un chiffon (au cas où j’aurais besoin de tripoter ma chaîne).
Et bien sûr, pour naviguer : un GPS. Le nôtre est un vieux Garmin Edge Touring, non compatible avec les caractères japonais, mais heureusement on peut y installer une carte du Japon convertie en rōmaji sur ce site, que l’auteur met à jour régulièrement depuis des lustres.
Encore quelques photos de la dernière sortie à Ishioka
Dans le parc où mon cavalier a fait sa pause du midi, il y avait des fleurs en forme de pompons (ou, vaguement, de petites fraises des champs roses).
Dans un bout de jardin, juste à côté, un arbre aux ramifications capricieuses dénudées par l’automne.
Et, beaucoup plus loin, encore un temple qui valait le détour, légèrement en retrait de notre parcours GPS préparé à l’avance.