自転車で

Dimanche 2 mai, j’ai sorti le vélo de la remise en tôle toute rouillée en essayant de ne pas trop réveiller les voisins, et suis parti sur la piste cyclable en direction de Kashiwa, où le Tsukuba Express traverse les rizières.

Les nuages de moucherons étant au rendez-vous, il fallait des lunettes de soleil et un foulard sur le reste du visage pour éviter d’en manger par la bouche, d’en respirer par le nez et d’en gober par les yeux.

C’est sûrement la chaleur dégagée par l’asphalte de la piste cyclable qui les attire, et ça donne de véritables colonnes de moucherons tourbillonnants, très denses, presque opaques quand le vent est au point mort. Ces jours-là, autant quitter la piste cyclable et longer les rizières sur les petits chemins de terre, de boue et de gravier.

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C’est la saison des amours pour les grenouilles, qui pataugent de joie dans toute cette eau et chantent à tue-tête pour inviter l’âme sœur. Et attirent du même coup les oiseaux.

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C’est aussi la saison du repiquage du riz. Faut croire que l’orage de la nuit dernière n’a pas suffi, les canaux d’irrigation continuent de pomper l’eau vers les rizières. De boueux et labouré, le champ devient nappe d’eau.

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Ici, le cultivateur a eu un petit surplus après le repiquage.

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Mauvais calcul de cultivateur du dimanche, ou juste ce qu’il faudra demain pour repiquer dans le champ d’à-côté ?


Je me souviens très bien du choc éprouvé quand je suis venu la première fois, en 1991 : dès qu’on quittait la ville pour la campagne, on apercevait un peu partout de ces vieilles dames âgées en forme d’équerre, les jambes à la verticale et le dos à l’horizontale.

Avant la mécanisation, la rizière se contemplait de loin ; les pieds dedans, sa graphie prenait des airs de mizère.

En ville, le plus gros choc du premier séjour fut celui des dames d’âge mûr, pas encore tout à fait vieilles, mais plus du tout jeunes, les matantes comme on dit au Québec, qui se teignaient les cheveux… en mauve.

Il y en avait partout. Puis, au fil des ans, il y en a eu de moins en moins. Aujourd’hui, je soupçonne l’espèce de s’être éteinte. Encore un bout de patrimoine culturel qui prend le chemin des oubliettes. Dommage, j’aurais bien aimé, maintenant que ma femme n’est plus toute jeune, pouvoir l’enlacer et murmurer :

Quand elle me prend dans ses bras,

elle me parle tout bas,

je vois la vie en mauve…