印税

印税 いんぜい redevances… mais encore ?

J’expliquais hier que la rémunération d’un auteur pour un texte publié dans un magazine variait de 4 000 à 6 000 yens la feuille, celle-ci comptant de 300 à 350 caractères, selon l’éditeur.

S’il s’agit d’un roman-feuilleton ou d’une suite d’essais, l’auteur peut ensuite republier sous forme de livre. Or, qu’il soit le plus illustre et génial des écrivains ou le plus méconnu et médiocre des écriteurs, cela n’aura aucun impact sur sa rémunération en termes de redevances (印税), comme on verra plus bas. Par ailleurs, il n’est plus question ici de feuilles comptées, mais de pourcentage sur le prix de vente de l’ouvrage imprimé.

Les caractères qui composent le terme japonais pour redevances (印税 inzei) nous en disent long sur la chose, car ils expliquent clairement qu’il s’agit d’un droit (税 ayant ici le sens de droit et non de taxe) sur l’impression (le 印 de 印刷 insatsu).

Dit comme ça, ça peut sembler banal, mais pour l’auteur du texte la nuance s’avère cruciale, en ceci que sa rémunération se trouve en relation directe avec le nombre d’exemplaires imprimés… peu importe que ceux-ci se vendent ou pas.

Or, pour le plus grand des écrivains comme pour le plus petit des écriteurs, le taux de redevance (印税率 inzeiritsu) est en principe le même, bien qu’il varie d’un éditeur à l’autre, sur une plage de 8 à 14 %. Plus précisément, ce taux sera généralement de 12 % pour un roman ou essai que l’auteur n’a pas précédemment publié en épisodes dans un magazine (書き下ろし kakioroshi dans le jargon de l’édition), et de 10 % pour un texte déjà publié en magazine ou pour un livre republié en format de poche (on parle alors de 文庫化 bunkoka, littéralement « transformation en livre de poche »).

Justice est toutefois rendue à l’écrivain de qualité, par le marché du livre, puisqu’en général les bons ouvrages s’y vendent mieux que les médiocres.

Qu’en est-il de l’univers de la traduction ? Combien gagne un traducteur japonais de romans et d’essais français ? Tout comme dans le cas précédent, la réponse varie selon le nombre d’exemplaires imprimés. Mais il y a plus, et malheureusement pour le traducteur… ce « plus » se traduit par des soustractions.

Primo : parce que son taux de redevance varie en gros de 3 à 8 % seulement, la tranche des 5 à 6 % étant par ailleurs la plus fréquemment rencontrée.

Secundo : parce qu’il y a généralement un intermédiaire entre le traducteur et l’éditeur : l’agence. Elle se charge notamment des démarches d’acquisition du droit d’auteur pour le marché japonais, et de la révision du texte traduit. La bouchée que prend cette agence dans la pécune du pauvre traducteur peut s’avérer considérable, jusqu’à 50 %, selon son degré de voracité et la position de force ou de faiblesse dans laquelle se trouve le traducteur (ladite position étant plutôt précaire dans le cas du débutant, sur un marché parfois convoité par toute une armada de femmes au foyer diplômées et avides de se faire une place au soleil à leurs temps libres dans le merveilleux monde de la traduction (mal payée).

Tertio, et n’en déplaise à mes lecteurs français : parce que la littérature française, malgré tout son prestige, n’a pas vraiment la cote auprès du grand lectorat japonais. D’autant plus que celui-ci est très friand de polars à l’intrigue subtile et bien nouée, pour lesquels il se trouve fort bien servi par ses propres auteurs et reste souvent sur sa faim avec les polars français. Ce qui se traduit par un faible nombre d’exemplaires imprimés, les éditeurs hésitant beaucoup face au risque élevé de se retrouver avec des invendus qui finiront leur vie dans un entrepôt, y constituant tout autant d’actifs imposables dont il faudra bien se débarrasser.

Cela dit, quel est et quel sera l’impact de l’édition numérique sur tout ce qui précède, je n’en ai pas la moindre idée, sinon que le in du mot 印税, en tant que fondement d’un calcul traditionnellement basé sur le nombre d’imprimés, risque de se retrouver out.