La traversée de mai 2023 [1]
Jour 1, 15 mai 2023 (première partie)
Liens : Vidéo (en préparation) / Compte rendu en japonais / Fichier gpx en français / Google Map / Garmin Connect / Ride With GPS
Longueur du parcours : 66 km. Niveau de difficulté : plutôt facile (terrain généralement plat)
■ Gare Hisanohama ( 久ノ浜駅 )
▸ Rivière Ōhisa (大久川) : 0,5 km
▸ Belvédère de la plage Hattachi 波立海岸展望台 : 3 km
▸ Benten-jima (弁天島) : 4 km
▸ Plage Shinmaiko ( 新舞子海岸 ) : 6 km
▸ Embouchure de la rivière Niida ( 仁井田川河口 ) : 8 km
▸ Autoroute Jōban ( 常磐自動車道 ) : 19 km
▸ Sanctuaire Ogawa-suwa ( 小川諏訪神社 ) : 29 km
▸ Gare Eda ( 江田駅 ) : 40 km
▸ Cascade de Kagoba ( 籠場の滝 ) : 42 km
▸ Belvédère Nishiki ( 錦展望台 ) : 43 km
▸ La grande cascade ( 大滝 ) : 45 km
▸ Gare Kawamae ( 川前駅 ) : 48 km
▸ Unejiri (宇根尻) : 51 km
▸ Tanaki (棚木) : 51 km
▸ Kawamae-okinagare (川前沖流) : 55 km
▸ Natsui (夏井) : 60 km
▸ Gare Ononiimachi ( 小野新町駅 ) : 64 km
■ Auberge Komachinoyu (小町の湯) : 66 km
La côte du Pacifique
Pour la première fois depuis le début de la pandémie en 2020, Geo Pottering s’est lancé dans une longue excursion de plusieurs jours. Celle-ci consistait à traverser d’est en ouest l’île principale de l’archipel, Honshū, de l’océan Pacifique à la mer du Japon. Concrètement, ce parcours de 400 km partait de la ville d’Iwaki, dans la préfecture de Fukushima, pour se terminer à la ville de Niigata, dans la préfecture du même nom. Le trajet suivait, en gros, ceux des lignes JR Ban’etsutō (磐越東線) et Ban’etsusai (磐越西線), ce qui permettait éventuellement aux cyclistes de prendre le train à mi-chemin, en cas de fatigue excessive (les membres de Geo Pottering ne sont plus dans la fleur de l’âge…).
Parmi les gares candidates comme point de départ à Iwaki, c’est celle de Hisanohama qui a été retenue. La photo classique du départ de la gare a été prise… cette fois-ci avec une seule personne : Kotetchan (コテッチャン), qui n’est autre que le compagnon bipède de l’auteur de ces lignes, votre dévoué Béni-le-Rouge.
En effet, la météo annonçant de la pluie pour tout l’avant-midi de ce 15 mai 2023, les autres membres du groupe ont préféré rouler à partir de l’après-midi, depuis une autre gare située à mi-chemin du parcours initialement prévu. Kotetchan, lui, ne déteste pas rouler sous la pluie, d’où sa présence matinale à la gare Hisanohama.
Kotetchan à la gare Hisanohama, photo prise par Béni-le-Rouge, le vélo qui sait tout faire
De la gare, et sous un ciel nuageux, nous nous dirigeons sans plus tarder vers l’océan Pacifique et le cap Tonogamisaki (殿上崎), en direction du nord-est.
Juste avant de bifurquer vers le sud devant le pont Kagehisa (蔭久橋) qui enjambe la rivière Ōhisa (大久川), nous jouissions quelques instants d’une vue splendide sur le cap et sur la côte du Pacifique.
Le trajet longe ensuite la côte sur la piste cyclable Iwaki Nanahama Kaidō (いわき七浜街道), piste qui mène au Parc de la barrière de Nakoso (勿来の関), 52 km plus au sud.
Environ deux kilomètres plus loin, nous passons devant le belvédère de la plage Hattachi ( 波立海岸展望台 ), et ses deux monuments de pierre.
Le premier, à droite, est consacré au moine bouddhiste et poète Saigyō (西行, 1118-1190), et celui de gauche à un poète de la période Edo, Naitō Yoshihide (内藤 義英, 1655-1733). Sur ce dernier étaient gravés trois de ses haïkus célébrant respectivement le printemps, l’été et l’automne, chaque saison étant associée à un des symboles de la région : la plage de Hisanohama pour le printemps, le Hattachidō pour l’été et la célosie argentée pour l’automne.
Toujours vers le sud, en longeant cette plage qui a subi en 2011 les assauts de l’inoubliable tsunami, nous arrivons bientôt à Benten-jima.
Au sommet de ce rocher poreux, à même le roc, se trouve le petit sanctuaire ( 祠 ) de l’îlet.
À ses pieds, un torii (鳥居) exposé aux vagues du Pacifique. Tout au loin, on distingue encore clairement le cap Tonogamisaki dans la direction d’où nous sommes venus.
Ici, mon compagnon bipède a eu la brillante idée d’aller photographier le torii de face, avec le Pacifique dans le dos. Grave erreur, car une vague pernicieuse, inattendue et surtout très froide en a aussitôt profité pour l’asperger généreusement des mollets à la nuque…
Laissant Benten-sama (弁天様) et l’eau froide derrière nous, nous remontons sur la piste pour nous engager dans le premier des deux tunnels piétonniers qui traversent les falaises vers le sud le long de la plage Funado ( 舟戸海岸 ). Puis nous roulons le long de la route 6 en serpentant vers la halte routière de Yotsukura ( 四倉の道の駅 ) .
La piste cyclable recommence à cette halte routière, en longeant cette fois-ci la station balnéaire de Yotsukura ( 四倉海水浴場 ) et la plage Shinmaiko ( 新舞子海岸 ) .
La piste y est toutefois interrompue brusquement par le pont Higashimaiko ( 東舞子橋 ) , qui surplombe l’embouchure de la rivière Niida ( 仁井田川河口 ). De l’autre côté, une piste cyclable dont l’aménagement semble encore inachevé, sur une digue de béton vraisemblablement mise en place après 2011, épouse le lit de la rivière vers l’ouest, donc vers l’intérieur, les collines et les montagnes.
Vers les collines
Au beau milieu d’une petite parcelle de rizière fraîchement repiquée, nous avons l’agréable surprise d’apercevoir quelques colonnes funéraires ( 石柱 ) sur une minuscule presqu’île respectueusement enveloppée du généreux feuillage d’un arbre dont le profil, dans l’esprit tordu de mon compagnon bipède, évoque aussitôt un énorme pacman !
Poursuivant vers l’intérieur, nous apercevons des collines au loin, collines qu’il nous faudra franchir plus tard dans la journée. Le ciel, qui jusqu’ici nous avait épargnés, se met à nous taquiner avec quelques gouttelettes de pluie.
Dans les terres, la rivière Niida s’est libérée des digues de béton qui la protégeaient contre les emportements et débordements de la nature à son embouchure. Les pentes du talus, tout comme le pont Toda ( 戸田橋 ) , offrent un paysage bien plus agréable à l’œil, malgré le temps qui s’assombrit…
Sur la route de campagne déserte, nous continuons de rouler vers les collines, entre rivière et rizières.
Le trajet, plat jusqu’ici, grimpe légèrement aux environs de l’autoroute Jōban. Derrière ce viaduc ( 高架橋 ) sous lequel nous allons bientôt nous faufiler, le léger dénivelé atteindra sa hauteur maximale de la journée : 70 mètres. Rien de bien pénible, juste ce qu’il faut pour se dégourdir les jambes et réveiller le pédalier.
La petite descente qui suit nous mène à Umenosaku (梅ノ作, 25 m d’altitude), puis nous pénétrons dans Ogawa-esuji (小川江筋). Les nuages, de plus en plus lourds et bas, se font menaçants…
Achevé en 1665, Ogawa-esuji est un vieux canal agricole (« esuji » signifie canal dans la région d’Iwaki) qui prend sa source dans la rivière Natsui ( 夏井川 ). Il coule sur une distance d’environ 30 km, entre Ogawamachi-sekiba (小川町関場) et le bourg de Yotsukura-machi (四倉町). De nos jours, précise Sider dans le compte rendu japonais de cette balade, il semble qu’on l’utilise pour l’alimentation en eau potable.
Les gouttelettes tombées du ciel se multipliant, mon compagnon bipède recouvre nos bagages d’une protection contre la pluie.
En arrivant à Ogawa, mon compagnon s’achète quelques denrées à se mettre sous la dent pour la pause du midi, puis, ayant aperçu la banderole d’un marchand de fraises, y entre pour s’en procurer un petit paquet. La paysanne, derrière son petit comptoir, nous suggère d’aller casser la croûte dans l’enceinte d’un sanctuaire situé tout près de là, en précisant que nous y serons bien puisqu’il n’y a personne… et qu’il y a même des toilettes. Que demander de plus aux divinités locales qui se manifestent pour nous sous les traits de cette gentille dame ?
いちご 直売所 (point de vente directe de fraises) dit la banderole rouge de la paysanne qui nous reçoit derrière son comptoir dans la petite bâtisse bleue, juste derrière la serre.
Quelques minutes plus tard, nous arrivons au sanctuaire Ogawa-suwa 小川諏訪神社 . L’endroit, désert, nous attend avec une très belle table et des bancs de marbre.
Au même moment, les trois autres membres de cette première journée de balade, partis de Tōkyō dans l’avant-midi, approchent du lieu de rendez-vous improvisé en raison du mauvais temps.
La folle poursuite
En surveillant la météo par la fenêtre et sur leurs téléphones, les trois retardataires 😀😀😀 décident de descendre du train à la gare Eda, et, en prévision de cela, partagent leur position sur l’application Google Maps avec mon compagnon bipède, qui la reçoit au beau milieu d’une bouchée de son casse-croûte.
Il s’empresse alors de finir son repas, cherche en vain les toilettes promises dans l’enceinte du sanctuaire, enfourche le fougueux Béni-le-Rouge et, les yeux rivés sur le GPS, pédale avec frénésie pour aller rejoindre les autres membres de Geo Pottering.
Ceux-ci, pendant ce temps, roulent toujours vers la gare Eda, quelque part dans le paysage environnant… ce que mon distrait de compagnon bipède a vite fait d’oublier.
Croyant le groupe arrivé à la gare, il quitte l’application GPS qui affiche le parcours, ouvre celle de Google Maps et se dirige sans plus réfléchir vers l’icône de partage de position de Geo Pottering… qui, étrangement, semble changer d’emplacement à chaque coup d’œil sur l’écran.
Ce n’est qu’après de longs moments d’angoisse et de confusion mentale qu’il réalise, avec un grand coup de paume sur le front, que l’icône qu’il s’efforce en vain d’atteindre se déplace parce que le groupe est toujours dans le train !
Le compagnon bipède bifurque soudainement vers le sud-est, en direction du train à bord duquel sont les trois autres membres du groupe en route vers le nord-ouest. Leurs chemins se croisent et soudainement l’icône de partage de position se retrouve à l’ouest sur le téléphone… le compagnon stupide n’y comprend plus rien, roule vers l’ouest dans de petites rues escarpées, réalise soudainement qu’il poursuivait un train en déplacement, puis, avec frénésie, rebrousse chemin et ferme l’application Google Maps.
Entretemps, le groupe a atteint la gare, où il attend le retardataire. 😀
👉 Suite : La traversée de mai 2023 [2]
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