Ville de Bandō — 坂東市

Sortie aérobie improvisée, et quelques photos du jour

Samedi après-midi, la météo a glissé un petit bout de beau temps irrésistible dans la plage horaire de la fin de semaine. Béni (紅) et moi avions l’intention d’en profiter pour un aller-retour santé vers le sud, mais arrivés sur la rive est du pont Shin-Ōtone (新大利根橋) qui traverse le fleuve Tonegawa (利根川), nous sommes repartis vers le nord au lieu de continuer plein sud vers la ville de Toride (取手市).

C’était un choix audacieux, parce que quelques années plus tôt je m’y étais retrouvé dans un cul-de-sac, avec Branleux, au bout d’à peine quelques kilomètres. J’expliquai cela à Béni et, avec sa bénédiction, nous partîmes le cœur et le pédalier légers vers le nord, résignés à faire demi-tour, si, encore une fois, notre avidité de cyclo-nouveautés nous mettaient dans le cyclo-pétrin.

À ma grande surprise et à la grande joie de Béni, le fond du cul-de-sac avait été perforé par la municipalité locale et nous avons roulé, roulé et roulé encore pendant des kilomètres à une cadence (mentale) exubérante.

Après avoir quitté le fleuve Tonegawa pour longer la rivière Kinugawa (鬼怒川), et juste un peu avant d’arriver au premier cercle (celui le plus à droite sur la carte), nous sommes tombés sur un match de soccer (de foot pour mes lecteurs dijonnais), sinon électrisant, du moins très bien électrifié.

Malheureusement, encore un peu plus loin la piste cyclable bifurquait vers la droite en s’éloignant de la Kinugawa, pour pénétrer dans un coin reculé de la ville de Bandō (坂東市). C’est cette courte pénétration rurale que montre le cercle de droite sur la carte.

Contrairement au cul-de-sac qui avait autrefois gâché la sortie à vélo, ce coup-ci nous pouvions espérer contempler quelques jolies résidences et beaux coins de campagne avant de retrouver, GPS aidant, le tracé bitumé de la piste cyclable.

C’est avec une certaine frénésie que Béni s’est élancé sur l’étroite route, me forçant à tirer légèrement sur le guidon pour modérer ses ardeurs de jeune étalon, puisqu’il fallait bien prendre quelques clichés verticaux, donc celui-ci.

Nous croyions bien avoir retrouvé le cours de la Kinugawa au bout de quelques minutes à peine de ce petit bonheur rural, mais des travaux de la voirie y bloquaient l’accès à tous les véhicules, vélos y compris, aussi a-t-il fallu emprunter la courbe qui replongeait dans la ruralité de février.

Elle était suivie un peu plus loin d’une courte descente très agréable, au bout de laquelle un arrêt s’imposait pour prendre en photo l’instant qui venait de s’écouler (et dans lequel nous n’étions plus).

Il y avait beaucoup de belles résidences dans le coin, et quoi que disent ou fassent les Google Street de ce monde, Grincheux, Branleux, Béni et moi éprouvons toujours une certaine réticence à photographier l’espace privé des gens. Nous nous sommes donc contentés de cette superbe façade pour cette fois-ci.

Nous nous trouvions au cœur de ce genre de paysage où, en dépit des routes étroites qui forcent les (rares) automobilistes à ralentir et à empiéter sur le bas-côté quand ils se croisent, les paysans construisent leurs demeures, parfois modestes, souvent très grandes, sur des terrains si inutilement vastes qu’ils serrent la chaussée comme ailleurs, autrefois, les corsets comprimaient tailles et ventres.

De retour sur la piste cyclable, nous avons traversé la Kinugawa et sommes repartis en sens inverse pour rejoindre les abords du fleuve, jusqu’à au point où, quelques kilomètres après une bifurcation nord-sud en V, la piste s’arrêtait soudainement (cercle de gauche sur la carte).

Désarroi, déception, angoisse et frustration.

Mais coup de chance, encore une fois, parce qu’un résident du coin, véritable bouée de sauvetage inespérée, nous expliqua que la piste reprenait à peine quelques centaines de mètres plus loin, qu’il suffisait de passer par là (disait-il en pointant un chemin boueux sur la gauche) pour poursuivre notre route, contourner un terrain de golf, retrouver le fleuve et nous retrouver ainsi, sains et saufs, en territoire familier.

Ce qui fut fait, d’abord en remerciant cet aimable passant (en fait c’était nous qui passions, lui se trouvant en quelque sorte chez lui), sans oublier une petite courbette mentale de remerciement à l’endroit de la divinité locale aux abords du terrain de golf si ma mémoire ne s’égare pas trop. Un peu de neige persistait à l’ombre, à l’entrée du sanctuaire.

Au départ, nous n’avions pas prévu une si longue sortie d’après-midi, puisque le fond de l’air est encore froid et que le soleil se couche très tôt.

Ce n’est qu’une fois de retour à la maison que le site ridewithgps.com nous a fait découvrir un raccourci, car l’application « Ride with gps » pour téléphone permet d’afficher sur la carte, en option, les tracés les plus empruntés par les cyclistes. Ce que montre la fine ligne rouge, à l’emplacement du cercle le plus haut sur la carte. Si Béni et moi avions su, nous aurions activé cette option et sauvé quelques kilomètres.

Mais ce faisant, nous n’aurions pas découvert le passage en V et en sandwich entre la rivière et le fleuve, ni peut-être aperçu tout au loin, chose rare dans le coin, les quelques vaches noires qui, ayant en quelque sorte tiré la courte paille des saisons, broutaient le peu qu’il y avait à brouter.



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