Ce sur quoi nous roulons

Au moment où j’écris ces lignes, Kinomap rencontre quelques difficultés qui rendent impossible le téléversement de nouvelles vidéos par les créateurs de contenu qui, comme mon bipède et moi, contribuent à cette plateforme. Il y a quelque chose qui coince depuis hier et les techniciens n’arrivent pas à mettre le doigt dessus, semble-t-il. En attendant que ça se remette à tourner rond, voici quelques commentaires sur notre dernière vidéo mise en ligne, un segment de 30 minutes qui se termine devant un petit kiosque à légumes autour duquel le sol était jonché de citrouilles, la petite table sur laquelle sont généralement déposés les légumes à vendre ne faisant pas le poids.

GpsPrune avec des cartes japonaises

Pour préparer les fichiers GPX des balades, j’utilise GpsPrune. Et j’ai récemment réalisé que je pouvais y importer les couches cartographiques du GSI (Geospatial Information Authority of Japan), ce qui permet d’explorer le territoire de diverses façons, avant, pendant ou après une balade. Prenons, par exemple, le tracé de cette balade récente, telle que présentée par GpsPrune avec la carte de Mapnik.

C’est pas mal, parce qu’on y voit très bien les routes et autoroutes à éviter le plus possible (en jaune, orange et rose), mais on peut faire beaucoup mieux, par exemple en affichant une image aérienne.

Source : 国土地理院撮影の空中写真

On distingue très nettement quatre cours d’eau, de gauche à droite : Le fleuve Edogawa, le fleuve Tonegawa (que longe le tracé de la balade), la rivière Kinugawa et, finalement, la rivière Kokaigawa.

On peut évidemment zoomer un peu pour mieux distinguer les détails du paysage.

Source : 国土地理院撮影の空中写真

Ou appliquer le zoom maximal de cette couche du GSI…

Source : 国土地理院撮影の空中写真

Rien de tel pour planifier une balade (on s’y croirait presque) en privilégiant les routes étroites, peu fréquentées par les voitures. Mais si, comme moi, vous aimez sentir vraiment sur quoi vous roulez, au lieu de savoir simplement où vous le faites, il faut passer à une couche géologique du GSI pour mieux comprendre la nature du terrain.

Source : 国土地理院の数値地図25000 [土地条件図]

En mauve (parfois en blanc, selon le degré de zoom), ce sont les berges des cours d’eau. En jaune, ce sont ce qu’on appelle en japonais les 自然堤防, qu’on peut traduire, je crois, par « levées alluviales » (ou, si on veut y aller d’une traduction plus littérale, par « talus naturels »). La légende de cette couche du GSI explique qu’il s’agit de terres légèrement élevées, le long d’un cours d’eau, et constituées de sable transporté par les crues.

En vert pâle, ce sont soit des fonds de vallée ( 谷底平野 (たにそこへいや) ), soit des plaines d’inondation ( 氾濫平野 (はんらんへいや) ), terres au sol plat formées elles aussi par les crues successives. Quant au vert foncé, il indique des terrains marécageux ( 低湿地 (ていしつち) ).

Avec un zoom élevé, on aperçoit des symboles de champs et de rizières sur la carte.

Source : 国土地理院の数値地図25000 [土地条件図]

Pour la végétation, il est bon de garder les quatre suivants en mémoire, si, au cours d’une balade exploratoire, on veut prendre au plus vite la clef des champs.

De gauche à droite : Rizière | Champ | Plantation de thé | Verger

Source : 国土地理院. 👉 Liste complète ici

Il nous reste la partie orange de la carte. Ce sont les plateaux ( 台地 (だいち) ) et terrasses ( 段丘 (だんきゅう) ). Selon le GSI, sur cette couche l’orange foncé indique une formation remontant au pléistocène, et l’orange clair une formation plus récente, de l’holocène, mais comme les nuances de couleur varient parfois selon le niveau de zoom (!), ça ne nous avance guère…


Cours d’eau

Pour faire un petit voyage dans le temps, on peut aussi afficher une couche qui relate l’historique des travaux de réaménagement des cours d’eau ( 治水 (ちすい) ) dans la région.

Source : 国土地理院の数値地図25000 [土地条件図]

En rayé bleu-blanc, on aperçoit d’anciens cours d’eau et/ou l’ancien lit d’un cours d’eau actuel. Le tracé rouge de la balade longe le fleuve Tonegawa, et on voit bien, là où j’ai tracé un grand cercle bleu, qu’autrefois le lit du fleuve était plus sinueux à cet endroit. On l’a rendu plus rectiligne pour empêcher que les crues provoquées par les fortes averses (notamment lors du passage des typhons) ne provoquent des inondations. Dans le petit cercle intérieur, on voit le point de confluence entre le fleuve et l’ancien cours de la rivière Kinugawa, qui lui aussi a été déplacé pour se jeter dans le fleuve de manière moins abrupte, donc parallèlement, toujours pour éviter les débordements causés par les crues.

En outre, en fouillant sur des sites comme celui du Ministère du Territoire, de l’Infrastructure et du Transport (国土交通省), on apprend que la rivière Kokaigawa, tout à droite, se jetait autrefois dans la rivière Kinugawa (à l’emplacement du petit cercle bleu extérieur), augmentant du même coup le débit de la Kinugawa et les risques d’inondation en aval.

Malheureusement, GpsPrune ne permet d’afficher qu’une seule couche cartographique à la fois sur l’écran de l’ordinateur. Mais comme on va le voir, sur le téléphone, on peut faire beaucoup mieux…


OsmAnd

La limousine des applications GPS, au Japon, a pour nom スーパー地形 et elle est payante. On y trouve les cartes du GSI, et bien d’autres, et tout un tas d’options pratiques. Une solution gratuite, par contre, consiste à installer manuellement les couches dans l’application OsmAnd.

Pour ça, rien de plus simple, il suffit de copier-coller les liens disponibles sur le site du GSI, ici. Au moment où j’écris ces lignes, la couche de base la plus récente date de 2014. Pour l’installer à la place de la carte du Japon disponible dans OsmAnd, on ouvre le menu des paramètres, puis on clique sur [Paramétrer la carte] - [Source de la carte] - [Ajouter manuellement]. Il ne reste qu’à donner un nom à la carte (標準地図 ou Carte standard) et à coller cette adresse URL :

https://cyberjapandata.gsi.go.jp/xyz/std/{z}/{x}/{y}.png

Ensuite, et c’est ici que ça devient intéressant, on fait la même chose pour installer la couche des sols :

https://cyberjapandata.gsi.go.jp/xyz/lcm25k_2012/{z}/{x}/{y}.png

On revient ensuite dans [Paramétrer la carte] pour sélectionner la carte standard à l’option [Fond de carte], et la couche des sols du Japon à l’option [Sur-couche de carte]. Voici le résultat…

Au bas de l’écran, on peut faire défiler le point bleu sur la ligne pour modifier le degré de transparence de la surcouche.

Les cartes du GSI sur l’application OsmAnd (source de la couche : 国土地理院の数値地図25000 [土地条件図])

Comme on peut voir, j’ai maintenant sur mon téléphone le nom de la ville 坂東市 (Bandō-shi), le tracé des routes (et notamment les fines lignes grises qui indiquent les routes étroites à emprunter pour éviter le trafic), les maisons et autres bâtiments (dont on voit les contours en orange foncé), les symboles végétaux dans les rizières (||) et les couleurs qui indiquent la nature du sol (ici, des « talus naturels » en vert et des plateaux en orange). J’ai aussi une icône de torii sur cet exemple, ce qui est bien pratique si l’envie me prend d’aller faire une pause à l’ombre des arbres d’un sanctuaire shintō…

Parmi les extensions d’OsmAnd, celle des cartes en ligne permet, non seulement d’utiliser les couches du GSI, mais aussi de les télécharger pour pouvoir naviguer hors ligne. La procédure est simple : on zoom sur la zone de navigation prévue pour la balade, puis on appuie longuement sur l’écran. Un menu apparaît, avec, en bas à droite, l’options « Actions ». On clique ensuite sur le symbole du téléchargement pour, vous l’aurez deviné, télécharger la couche de la zone qui s’affiche sur l’écran. Il faut le faire pour la couche de base, puis pour la couche des sols.

Cliquer sur l’icône de téléchargement pour télécharger la couche de la zone affichée sur la carte.

Il faut toutefois éviter de prendre une zone trop large, autrement le serveur du GSI va refuser de téléverser les données.

J’ai maintenant ma carte de base du Japon et la couche des sols installées sur le téléphone, ce qui va me permettre de naviguer hors ligne. Mais je peux faire encore un peu mieux, en ajoutant les gares de train : [Paramétrer la carte] - [Source de la carte].

Sélectionner OpenRailWayMap…

Il s’agit d’une couche qui s’utilise principalement en ligne, mais heureusement, elle va se mettre d’elle-même dans le cache de l’application pour une utilisation hors ligne.

Voici le résultat final : ma couche de base, la couche des sols et les gares. J’ai aussi ajouté des raccourcis sur la carte : un pour prendre des notes vocales, l’autre pour prendre des photos ; les unes comme les autres apparaîtront ensuite sous forme d’icônes sur mon tracé, ce qui va faciliter l’édition du fichier gpx et du fichier vidéo, soit pour le blog, soit pour Kinomap.

Sources : 国土地理院の数値地図25000 [土地条件図] et [標準地図]

Voilà, en principe ça devrait rendre les balades plus agréables, et avec la couche des sols je devrais pouvoir vous parler parfois, un peu, de l’histoire du développement de l’agriculture et de l’aménagement des cours d’eau. Dans les prochains billets…


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