Sur les traces de Geo Pottering ­(25)

Hiroshige à vélo : Tour de l’arrondissement de Katsushika [1]


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Tracé et points d’intérêt du parcours


Longueur du parcours : 40 km

Niveau de difficulté : Facile (terrain plat)

(Les étapes présentées dans ce billet sont en retrait dans la liste ci-dessous.)


■ Jardin botanique ( 堀切菖蒲園 (Horikiri-shōbu-en) )

▸ Parc ( 堀切水辺公園 (Horikiri-mizube-kōen) ) : 1 km

▸ Centre de détention de Tōkyō ( 東京拘置所 (Tōkyō kōchisho) ) : 5 km

▸ Parc hydrophile ( 曳舟川親水公園 (Hikifunegawa-shinsui-kōen) ) : 8 km

▸ Gare ( 亀有駅 (Kameari-eki) ) : 13 km

▸ Sanctuaire ( 亀有香取神社 (Kameari-katori-jinja) ) : 14 km

▸ Pont ( 中川橋 (Nakagawa-hashi) ) : 15 km

▸ Digesteur « planétaire » (!) ( 地球釜 (chikyūgama) ) : 16 km

▸ Pont ( 閘門橋 (Kōmon-bashi) ) : 22 km

▸ Parc ( 水元公園 (Mizumoto-kōen) ) : 26 km

▸ Temple ( 南蔵院 (Nanzō-in) ) : 27 km

▸ Prises d’eau en forme de chapeau : 32 km

▸ Transbordeur ( 矢切の渡し (Yagiri-no-watashi) ) : 33 km

▸ Temple ( 柴又帝釈天 (Shibamata Taishakuten) ) : 34 km

▸ Gare ( 柴又駅 (Shibamata-eki) ) : 35 km

▸ Sanctuaire ( 清瀧神社 (Seiryū-jinja) ) : 36 km

▸ Sanctuaire ( 立石熊野神社 (Tateishi-kumano-jinja) ) : 39 km

▸ Pierre ( 立石様 (Tateishi-sama) ) : 39 km

■ Gare ( 立石駅 (Tateishi-eki) ) : 40 km


Bienvenue sur le blog de Béni-le-Rouge, le vélo pliant qui roule en mode virtuel à travers les vues célèbres d’Edo des années 1850, et en mode réel à travers la ruralité du Japon des années 2020. ^_^

Nous commençons aujourd’hui le résumé de la cinquième balade à travers les Cent vues célèbres d’Edo du peintre Hiroshige. Cette balade a eu lieu le 7 juin 2020, dans l’arrondissement de Katsushika à Tōkyō. Le trajet commence au jardin botanique 堀切菖蒲園 (Horikiri-shōbu-en) , ou Jardin d’Iris Horikiri, près de la gare du même nom, mais il passe aussi par deux autres points de départ pratiques pour faire la boucle : la gare 亀有駅 (Kameari-eki) et la gare 立石駅 (Tateishi-eki) .

Ce jardin botanique est la principale attraction touristique de l’arrondissement de Katsushika, et un lieu incontournable de la capitale pour la contemplation des fleurs. À l’entrée du jardin, une lanterne de pierre ( 石灯籠 (いしとうろう) ) accueille les visiteurs. Derrière elle s’étend le champ d’iris, en pleine floraison.

Nous nous trouvons d’emblée sur les lieux de la première estampe de cette balade, intitulée Le jardin d’iris de Horikiri ( 堀切の花菖蒲 (ほりきりのはなしょうぶ) ).

Le jardin d’iris de Horikiri, mai 1857, estampe 64 sur Wikipédia

Ce jardin remonte au début des années 1800, résultat des efforts d’un paysan de Horikiri, Kodaka Izaemon (小高伊左衛門), qui y aurait rassemblé diverses variétés d’iris. Son fils, Izaemon II, aurait ensuite contribué à y multiplier les variétés et procédé à de nombreux croisements.

明治時代になると海外でも花菖蒲人気が高まり、根株がかなり輸出され、その人気を背景に堀切の菖蒲園は五園を超えるまでに広がりましたが、大正時代の終わり頃から急速に衰退し、二園にまで減り、これらも戦時下の食糧難のため田んぼに変えられてしまいます。戦後、この一部を都が買い取り、それが現在の堀切菖蒲園となったそうです。(Henry D. Smith, résumé par Sider)
À l’ère Meiji (1868-1912), la popularité des iris s’est accrue à l’étranger aussi, entraînant un volume considérable d’exportation des souches mères. Cette popularité a fait passer le nombre de jardins d’iris à plus de cinq à Horikiri, mais vers la fin de l’ère Taisho (1912-1926) cette popularité a rapidement décliné et le nombre de jardins est tombé à deux, eux-mêmes convertis en rizières pendant la Deuxième Guerre mondiale en raison de la pénurie de nourriture qui sévissait. Après la guerre, le gouvernement métropolitain aurait acheté une partie de ces terres, pour en faire l’actuel jardin d’iris de Horikiri. (Sider, traduit librement par Béni-le-Rouge)

De ces vastes terres humides de l’époque Edo, il ne reste aujourd’hui qu’un espace de dimensions modestes entouré de maisons étroitement alignées et surplombées d’une autoroute.


Dans les Souvenirs d’Edo en images ( 絵本江戸土産 (えほんえどみやげ) ), publiés la même année, Hiroshige a dessiné les mêmes lieux avec une vue d’ensemble où les iris occupent une place beaucoup plus discrète à l’avant-plan, et l’absence notable de femmes dans le paysage, alors que le texte, au-dessus de l’illustration, dit qu’elles rivalisent de beauté avec les iris. Ce qui fait dire à l’auteur de Geo Pottering :

広重はまずスケッチ的に絵本江戸土産を描き、そのあと構図を練りに練って名所江戸百景に仕立て直したのではないでしょうか。( Sider )
Hiroshige a probablement fait d’abord une étude, en quelque sorte, pour les Souvenirs d’Edo, dont il aura ensuite resserré et retravaillé la composition pour les Cent vues célèbres d’Edo. (Traduction libre de Béni-le-Rouge)

Les iris du village de Horikiri, 1857

La version française de Wikipédia note avec pertinence que l’iris est associé à la beauté féminine au Japon. Or, dans le texte de cette illustration des Souvenirs d’Edo, Hiroshige emploie le mot 美女 pour désigner les femmes délicates et gracieuses de la capitale (都下の美女), venues par bateau ou en palanquin et si belles qu’on les confond avec les fleurs. Mais au lieu de mettre « びじょ» (bijo) en furigana, Hiroshige met « たおやめ » (femme délicate et gracieuse).

On peut apprécier ici l’intention derrière le pinceau du peintre, car l’iris 花菖蒲 (hanashōbu) se lit également 花菖蒲 (hanaayame) , d’où s’ensuit que les taoyame rivalisaient de beauté avec les hanaayame.

Salīna, femme délicate et élégante de la capitale, rivalise avec les iris sous les yeux du photographe ^_^

Le jardin d’iris de Horikiri, juin 2020

Un bouquet de membres de Geo Pottering : Sandaliasu, Salīna, Mukaeru et Andore


🚴 La balade se poursuit le long du fleuve Arakawa, au parc hydrophile Horikiri. Ce jour-là, la tour Skytree était visible au loin, tandis que tout près, une femme délicate et gracieuse de la capitale faisait du ski nautique sur le fleuve.

De là, le groupe monte vers le nord en longeant le fleuve, et absorbe en passant Yukkī, portant à six le nombre de vélos (et la quantité de bipèdes accessoires).

Tous arrivent bientôt devant le centre de détention de Tōkyō, un des huit du Japon. Avec ses 12 étages, il héberge plus de 3 000 personnes.

Il ne s’agit pas d’une prison ( 刑務所 (けいむしょ) ), puisqu’on n’y trouve que des personnes en attente d’exécution de la peine de mort ou en attente de verdict pour une autre peine. C’est donc un lieu de transition, soit vers la mort, soit vers la prison. Pour l’anecdote, à l’époque Edo le terrain était occupé par un palais construit pour le huitième shōgun, Tokugawa Yoshimune, qui l’utilisait comme lieu de repos lors de ses expéditions de fauconnerie ( 鷹狩 (たかがり) ).

🚴 Le groupe passe ensuite sur la promenade de la rivière Furusumidagawa (古隅田川), petit cours d’eau d’environ 5 km et presque entièrement souterrain. Ce qui surprend quand on songe qu’il s’agissait autrefois, croit-on, du cours principal des actuels fleuves Tonegawa et Arakawa.

Promenade le long de la rivière Furusumidagawa

La même promenade… sur la rivière enfouie

Dans le quartier Katsushika, un long chemin s’étend en ligne droite là où passait autrefois, jusque vers la fin de la période Edo, la rivière Hikifunegawa (曳舟川), qui fournissait de l’eau potable et de l’eau d’irrigation.

Nous voici au parc hydrophile 曳舟川親水公園 (Hikifunegawa-shinsui-kōen) , sur les lieux de la deuxième estampe…

🚴 À suivre…


Le mot du compagnon bipède de Béni-le-Rouge

En 2021, la première fois que j’ai lu le compte rendu de cette balade sur Geo Pottering, le centre de détention de Tōkyō m’a intrigué et, de retour à la maison, j’ai fouillé sur la version japonaise de Wikipédia et y suis tombé sur un truc intéressant. Le plus vieil occupant de ce centre de détention, disait Wiki, est âgé de 93 ans et condamné à mort pour un crime commis à l’âge de 46 ans (j’ignore s’il vit toujours en 2023). C’est (ou c’était) un type assez particulier… Jeune, il réussissait très bien à l’école, mais il avait un ami qui bégayait et qu’il s’amusait souvent à imiter. Or, à force de l’imiter il s’est mis à bégayer lui aussi, est devenu de plus en plus introverti, replié sur lui-même, puis a vu ses résultats scolaires et sa santé mentale se détériorer graduellement. Il a ensuite développé une sensibilité extrême au bruit, sensibilité qui l’a ultimement mené à sa perte quand, un jour, une nouvelle famille a aménagé sous lui dans l’immeuble d’appartements où il habitait. Ce couple avait deux petites filles, dont une qui jouait du piano. Je passe sur les détails macabres, mais un jour le pauvre a perdu les pédales et profité de l’absence du père pour assassiner la mère et les enfants. Ça a fait toute une histoire dans les médias, entre autres choses parce que la population urbaine était justement très sensible aux problèmes de pollution sonore en milieu urbain densément peuplé. Le procès, dans les années 1970, a eu des répercussions très concrètes dans le quotidien des Japonais, même si seuls les plus vieux s’en souviennent aujourd’hui. Il a fortement incité Yamaha, le fabricant des célèbres pianos du même nom, à développer des pianos moins bruyants, et éventuellement le piano électronique avec écouteurs. Il a aussi incité le gouvernement à modifier la réglementation sur l’épaisseur minimale des planchers dans les immeubles à logements : de 12 cm, elle est passée à 15 cm.


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