Sur les traces de Geo Pottering ­(21)

Les Cent vues d’Edo de Hiroshige à vélo : Arrondissement d’Edogawa (4)

Tracé et points d’intérêt du parcours


Liens : Compte rendu en japonais / Fichier gpx en français / Google Map / Garmin Connect / Ride With GPS / Vidéo


Longueur du parcours : 53 km

Niveau de difficulté : Facile (terrain plat)

(Les étapes présentées dans ce billet sont en retrait dans la liste ci-dessous.)

■ Gare Hirai, sortie Nord

▸ Station de pompage Kinegawa : 3 km

▸ Pont Komatsugawa : 6 km

▸ Pont Hachizō : 8 km

▸ Résidence Komatsuna : 10 km

▸ Nouveau pont Tatsumi : 13 km

▸ Sanctuaire Hachiman : 17 km

▸ Site historique du transbordeur Koiwa-Ichikawa : 20 km

▸ Temple Zenyōji : 21 km

▸ Shinozaki Ponyland : 24 km

▸ Écluse d’Edogawa : 25 km

▸ Site historique du transbordeur d’Iwai : 31 km

▸ Grand pont Mizuho : 32 km

▸ (En face de) Myōken-jima : 36 km (estampe « Pins dispersés sur le fleuve Tonegawa »)

▸ Parc Kasai Rinkai : 39-40 km

▸ Tour de guet de Shinkawa : 46 km

▸ Pont Funabori : 47 km

▸ Parc Ōjimakomatsugawa : 48-49 km

▸ Site historique de Nakagawa Funabansho : 50 km

▸ Site historique du transbordeur de Sakasai et Pont Kameko : 51 km

■ Gare Hirai : 53 km


🚴 La troisième balade dans les arrondissements de Tōkyō, à la recherche des lieux d’où ont été immortalisées les Cent vues d’Edo du peintre Hiroshige, se poursuit vers le sud, le long de l’Ancien fleuve Edogawa (旧江戸川). Les vélos arrivent bientôt au Grand pont Mizuho (瑞穂大橋), là où la rivière Shin-Nakagawa (新中川) vient se jeter dans le fleuve. De là, on aperçoit l’écluse Imai (今井水門).

L’écluse Imai

Un peu plus au sud, le parcours fait un petit détour par la rivière Shinkawa (新川), cours d’eau artificiel qui, à l’époque Edo, servit d’abord de canal pour le transport du sel de Gyōtoku (行徳) à Edo, avant de s’intégrer au réseau fluvial de transport des voyageurs de la capitale.

Le long de la rivière Shinkawa

De retour sur la rive de l’Ancien fleuve Edogawa, le trajet passe tout près de l’île Myōken-jima, une île naturelle qui, vue de la rive, ressemble aujourd’hui davantage à une énorme structure de béton qu’à une île.

Une péniche, une mouette en plein vol et, derrière, l’extrémité bétonnée de l’île Myōken-jima

Dans le billet précédent, nous avons vu l’estampe intitulée « Pins dispersés du fleuve Tone », sur laquelle volaient deux hérons. Il se pourrait que les lieux peints sur cette estampe correspondent aux abords de cette île, à son extrémité sud.

En zoomant, on peut voir que la partie verte qui s’étend de gauche à droite, jusque derrière le filet lancé, a toutes les apparences d’une île qui se détache de l’arrière-plan (la rive, en gris). Ceci dit, rien n’est sûr. D’autres pensent que la vue de cette estampe a été saisie encore plus au sud par le peintre, à la hauteur d’Urayasu (浦安).


Quoi qu’il en soit, la piste cyclable s’élargit ensuite, aux environs de l’embouchure du fleuve, celui-ci se jetant dans la baie de Tokyo de l’autre côté du pont ferroviaire de la ligne Keiyō (京葉線).

Juste après, le trajet traverse le parc Kasai Rinkai (葛西臨海公園), où l’on peut longer la rive en contemplant la baie de Tōkyō. Ou, mieux encore, aller le faire depuis l’observatoire Crystal View.

Source : 掬茶, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Qui sait, peut-être un jour apercevrez-vous des membres de Geo Pottering en train de faire leur saut synchronisé traditionnel sur la plage ?

Sauts dispersés de la baie de Tōkyō, février 2020

À la sortie du parc, la trajet de la balade remonte vers le nord en longeant le cours combiné du fleuve Arakawa et de la rivière Nakagawa. On s’étonnera peut-être, là où les deux cours d’eau se séparent clairement, d’apercevoir un panneau indiquant le point « 0 km » du fleuve Arakawa… si loin de la baie. Pour comprendre, il faut se souvenir que la ville de Tōkyō a beaucoup empiété sur sa baie au fil des décennies, sous forme de remblayage. Bref, là où les cours d’eau venaient autrefois se jeter se trouvent aujourd’hui de nouveaux quartiers artificiellement aménagés dans la baie. Êtes-vous curieux de voir à quel point la capitale a étendu ses tentacules dans la baie là où passe le trajet de cette balade ? Cliquez ici pour comparer parallèlement la carte actuelle et celle des années 1927-1939…

Le parcours remonte vers le nord, le long du fleuve Arakawa et de la rivière Nakagawa, dont les eaux s’entrelacent pour pénétrer ensemble dans la baie de Tōkyō

À un petit kilomètre en aval du pont Funabori, les vélos passent tout près de la tour de guet (火の見櫓 Hi-no-miyagura) de Shinkawa.

Le long de la rivière Shinkawa, on a aménagé une promenade dite des 1 000 cerisiers de Shinkawa (新川千本桜 Shinkawa Senbonzakura)…

…mais ce jour-là, les cerisiers n’étaient pas encore en fleurs.

À défaut de pouvoir contempler les fleurs, le quatuor de vélos pliants se rend sans plus tarder au pont Funabori (船堀橋), où il emprunte avec un brin de fébrilité un gros ascenseur dont la cage a été conçue pour accueillir également les vélos.

Le pont Funabori

Après ce pont, le tracé GPS de la balade fait un petit détour pour passer par l’écluse Arakawa. Relativement récente, elle a été achevée en 2005. Tout près de là, et beaucoup plus impressionnante aux yeux d’un petit vélo pliant, l’ancienne écluse Komatsugawa aux allures de forteresse occidentale. Aujourd’hui hors service et enfouie aux deux tiers, elle trône encore au cœur du parc Ōjima Komatsugawa (大島小松川公園), parc qui a été aménagé par remblayage là où passait autrefois le lit du cours d’eau, d’où l’enfouissement partiel de l’ancienne écluse.

En sortant de ce parc, l’itinéraire de la journée passe par la gare fluviale Kyūnakagawa (旧中川・川の駅). Coup de chance, un bus amphibie arrive justement à la gare…

De là, les vélos pliants se dirigent enfin vers les lieux de la deuxième estampe de cette balade, intitulée « Embouchure de la rivière Nakagawa » (中川口).

Embouchure de la rivière Nakagawa, décembre 1857

Cette embouchure de la rivière Nakagawa (中川) se trouvait à la jonction de ce qui est devenu l’Ancienne rivière Nakagawa (旧中川) et de la rivière Onagigawa (小名木川), qui est en fait un canal creusé au début de la période Edo (donc au début du XVIIe siècle). De l’endroit où se trouve le peintre, il regarde vers le sud-est. Le cours d’eau qui part vers la droite, en direction de la baie, est la rivière Nakagawa. Les terres situées dans la partie supérieure droite de l’estampe correspondent à l’actuel arrondissement d’Edogawa (celui dans lequel nous roulons). Le cours d’eau qui s’écoule vers l’horizon, sur l’estampe, est la rivière Shinkawa. Le fleuve Arakawa, qui passe tout près aujourd’hui, n’existe pas encore à cette époque.

Cette route fluviale était alors la seule à relier la capitale à la fois aux fleuves Edo et Tone, ce qui en faisait une artère majeure du réseau fluvial de la capitale. Pour cette estampe, Hiroshige la contemplait depuis le poste de contrôle fluvial (船番所 funabansho) de Nakagawa. Ces postes de contrôle militaires inspectaient les bateaux, notamment pour y prélever la taxe sur le transport du sel (sel que transportaient fort vraisemblablement les bateaux qui longent la rive dans la partie supérieure gauche de l’estampe). De ces postes de contrôle militaires, on dit qu’à l’époque du peintre il y avait un certain relâchement dans les inspections, la paix régnant depuis plus de 200 ans sur l’archipel unifié par le gouvernement militaire des Tokugawa.

Sur cette estampe, Hiroshige exprime bien l’intense activité qui régnait à l’embouchure en y peignant également des bateaux de passagers, des radeaux et des bateaux de pêche. Les mêmes lieux ont été illustrés sous un angle différent, dans les années 1830…

Source : 松濤軒斎藤長秋 著 ほか『江戸名所図会 7巻』[19],須原屋茂兵衛[ほか],天保5-7 [1834-1836]. 国立国会図書館デジタルコレクション

Sur le site historique de l’ancien poste de contrôle, Sider compare le paysage actuel avec celui des années 1850.

La troisième et dernière estampe de cet arrondissement se trouve juste un peu plus au nord. Pour s’y rendre, les vélos roulent le long de l’Ancienne rivière Nakagawa (旧中川).

Ce jour-là, à la grande surprise du quatuor de vélos, un quatuor de hérons (trois blancs et un cendré) se prélassait sous le pont Niji-no-Ōhashi (虹の大橋, littéralement le Grand pont de l’arc-en-ciel).

Sur la dernière estampe, également, des hérons nous attendent. Cette vue a été prise par Hiroshige au point de jonction entre les rivières Nakagawa et Tatekawa (竪川).

Le transbordeur de Sakasai, février 1857 (estampe 67 sur Wikipédia).

Sur l’estampe, le plumage des hérons est obtenu avec la technique d’impression à vide karazuri (空摺), c’est-à-dire sans pigments. Le motif incolore est produit par pression du papier contre la planche gravée non recouverte d’encre. C’est l’épaisseur et la consistance adéquate du papier utilisé qui permettent d’obtenir cet effet de gaufrage par pression. Cliquez ici pour une version agrandie du plumage, tirée de ce site.

Le transbordeur de Sakasai se trouvait à la hauteur du village de Komatsugawa-mura (小松川村, dans l’actuel arrondissement d’Edogawa), représenté par quelques maisons à toit de chaume. Les voyageurs empruntaient ce transbordeur pour aller vers l’est (l’actuelle préfecture de Chiba).

La vue aurait été peinte par Hiroshige depuis la rive de l’actuel arrondissement de Kōtō (江東区), aux environs du pont Kameko (亀小橋). En 1879, donc au début de l’ère Meiji, le transbordeur de Sakasai a été remplacé par le pont Sakasai (逆井橋).

Le tracé de la balade passe par cette rive, où plusieurs ponts surplombent la rivière, serrés de près par de grands édifices.

En revanche, du pont Kameko la vue vers le nord s’ouvre sur une scène — à défaut d’un paysage — plus espacée qui nous aide un peu plus à imaginer le paysage autrefois peint par Hiroshige.

De là, ne reste plus au quatuor de vélos pliants qu’à terminer cette boucle de l’arrondissement jusqu’à la gare Hirai…

Fin de la balade 🚴


Mot du compagnon bipède de Béni-le-Rouge

Les billets de Béni-le-Rouge ne sont pas des traductions des comptes rendus des balades réalisées par Geo Pottering, mais plutôt des versions plus ou moins abrégées, auxquelles Béni ajoute parfois ses propres commentaires et impressions. Dans ce dernier billet, il a notamment ignoré certaines rivières mentionnées dans la version japonaise, pour faciliter la lecture.

De mon côté, je continue de rouler, parfois seul, parfois avec le club, sans écrire mes propres billets (je laisse ce travail pénible à Béni, qui semble y prendre beaucoup de plaisir). Voici quand même quelques photos éparses de mes toutes récentes sorties en solo (enfin, en duo avec Béni-le-Rouge).

Quelque part dans la ville de Bandō (坂東市) : Béni, un sanctuaire, une boîte aux lettres et la toute petite tour de guet de la caserne de pompiers adjacente au sanctuaire

Le long de la rivière Kokaigawa (小貝川)

Béni dans son sac à la gare Shimodate, après une balade improvisée où nous étions, à la fin, complètement désorientés. Le GPS nous a aimablement guidés jusqu’à la gare la plus proche…

Duo aperçu le long d’un chemin de campagne

Balade aérobique d’hier le long du fleuve Tone. C’est Béni qui a pris la photo (ce vélo sait vraiment tout faire, c’est pas croyable). Je suis vite revenu sur la piste, parce que les guêpes fourmillaient autour de moi.


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