Sur les traces de Geo Pottering ­(18)

Les Cent vues d’Edo de Hiroshige à vélo : Arrondissement d’Edogawa (1)

Balade du 11 février 2020


Tracé et points d’intérêt du parcours


Liens : Compte rendu en japonais / Fichier gpx en français / Google Map / Garmin Connect / Ride With GPS / Vidéo


Longueur du parcours : 53 km

Niveau de difficulté : Facile (terrain plat)

(Les étapes présentées dans ce billet sont en retrait dans la liste.)

■ Gare Hirai, sortie Nord

▸ Station de pompage Kinegawa : 3 km

▸ Pont Komatsugawa : 6 km

▸ Pont Hachizō : 8 km

▸ Résidence Komatsuna : 10 km

▸ Nouveau pont Tatsumi : 13 km

▸ Sanctuaire Hachiman : 17 km

▸ Site historique du transbordeur Koiwa-Ichikawa : 20 km

▸ Temple Zenyōji : 21 km

▸ Shinozaki Ponyland : 24 km

▸ Écluse d’Edogawa : 25 km

▸ Site historique du transbordeur d’Iwai : 31 km

▸ Grand pont Mizuho : 32 km

▸ (En face de) Myōken-jima : 36 km (estampe « Pins dispersés sur le fleuve Tonegawa »)

▸ Parc Kasai Rinkai : 39-40 km

▸ Tour de guet de Shinkawa : 46 km

▸ Pont Funabori : 47 km

▸ Parc Ōjimakomatsugawa : 48-49 km

▸ Site historique de Nakagawa Funabansho : 50 km

▸ Site historique du transbordeur de Sakasai et Pont Kameko : 51 km

■ Gare Hirai : 53 km


🚴 Aujourd’hui, nous commençons le résumé d’une balade à vélo réalisée le 11 février 2020 par quatre membres du club Geo Pottering dans l’arrondissement d’Edogawa (江戸川区), à la recherche des lieux où ont été dessinées trois des Cent vues d’Edo par le peintre Hiroshige, dans les années 1850.

De gauche à droite : Mājiko, Mirumiru, Makorin. Photographe : Sider

À la sortie nord de la gare, une petite planche bleue indique le niveau du point zéro du limnimètre du fleuve Arakawa (A.P. ± 0 m), presque à la hauteur de nos selles. Nous y roulons donc (et nos compagnons bipèdes y marchent donc) sur un sol situé plus bas que le point zéro. L’affiche, au-dessus de la planche, précise que nous nous trouvons à -0,7 mètre par rapport au point A.P. (pour « Arakawa Peil » ou limnimètre du fleuve Arakawa). Il faut vraiment avoir des yeux de vélo pour arriver à lire sur cette photo, mais croyez-moi, l’affiche dit aussi qu’environ 70 % de l’arrondissement d’Edogawa se trouve sous le niveau de la mer et que toute cette zone se trouverait inondée en cas de rupture de la digue. Petit détail à retenir, donc, si vous décidez un jour de louer un appartement dans cet arrondissement…

🚴 Sans plus tarder, nos quatre vélos et leurs amis bipèdes prennent la direction de l’ouest, où ils tombent très vite sur la rive de l’Ancienne rivière Nakagawa (旧中川), qui appartient au réseau hydrographique (水系) du fleuve Arakawa. Cette rivière délimite la frontière entre les arrondissements d’Edogawa (江戸川区) et de Sumida (墨田区). Les vélos y empruntent avec entrain une jolie promenade, la même que sur la première photo de ce billet, direction nord, avec une vue splendide sur la tour Skytree et, ici et là à la surface de l’eau, des oiseaux qui flottent doucement au pied de cet arbre métallique gigantesque.

La tour Skytree vue de la rive de l’Ancienne rivière Nakagawa

À trois kilomètres de la gare, nous arrivons à la station de pompage Kinegawa (木下川排水機場) et à l’écluse du même nom (木下川水門). C’est à cet endroit que l’ancienne rivière Nakagawa a été autrefois coupée en deux par le lit nouvellement creusé du fleuve Arakawa. Si vous voulez bien me suivre dans les méandres de l’histoire, je vais vous expliquer ce que Geo Pottering nous apprend sur ce qui est autrefois arrivé à cette rivière.

La station de pompage Kinegawa

L’explication commence par un lien vers un petit voyage dans le temps. Attendez ! Il faut d’abord que vous sachiez que vous allez voir une ancienne carte du quartier à gauche et la carte actuelle à droite. En plein centre de chacune de ces deux cartes, vous allez voir une rivière très sinueuse qui descend obliquement de droite à gauche. Je vous ai mis un repère à l’endroit où se trouvent maintenant la station de pompage et l’écluse. On voit très bien que la rivière Nakagawa a été littéralement coupée par le fleuve excavé. Sa partie en amont bifurque en arrivant au fleuve et le longe jusqu’à proximité de la baie de Tōkyō. Sa partie en aval, elle, au lieu d’aller se jeter dans la baie comme autrefois, se limite aujourd’hui à un mince fil (sur la carte) et revient rapidement au fleuve Arakawa après quelques louvoiements. La partie en amont du fleuve Arakawa a conservé le nom de rivière Nakagawa (中川), tandis que celle en aval a pris celui d’Ancienne rivière Nakagawa (旧中川).

🚴 Comme le lit de l’Ancienne rivière Nakagawa est plus bas que celui du fleuve Arakawa (d’environ 1 mètre), nous devons grimper un peu pour atteindre la rive du fleuve et sa grande piste cyclable. C’est l’occasion, pour nos compagnons bipèdes, de se dégourdir un peu les jambes.

Le fleuve Arakawa (荒川) n’était autrefois qu’un affluent du fleuve Tonegawa (利根川). Sa partie située en aval causait toutefois des inondations fréquentes en passant par le lit de ce qui deviendra plus tard le fleuve Sumida (隅田川). On a donc construit, de 1911 à 1930, le « canal d’évacuation Arakawa » (荒川放水路), mais l’histoire n’a pas retenu le nom de ce canal, qui ne figure plus dans la toponymie. Bref, on ne parle plus que du fleuve Arakawa.

Bon, assez d’histoire, roulons plutôt vers le sud pour trouver notre première estampe, qui est encore loin…

Sous un ciel bleu et le cœur léger, les vélos pliants roulent le long du vaste lit du fleuve Arakawa.

🚴 Pour atteindre les lieux de l’estampe, il nous faut aller sur la rive est du fleuve. Et pour ça, nous devons d’abord passer sous le Grand pont Hirai (平井大橋) et sous le pont ferroviaire de la ligne Sōbu de JR, puis traverser le pont suivant, c’est-à-dire le pont Komatsugawa (小松川橋). En essayant de mémoriser les noms de tous ces ponts, on peut s’arrêter sur le troisième un instant, ne serait-ce que pour reprendre notre souffle et contempler l’étendue du fleuve sous un autre angle.

Vue sur le fleuve Arakawa depuis le pont Komatsugawa

En traversant le fleuve sur ce pont, nous passons sous l’autoroute centrale périphérique de la capitale (首都高速中央環状線) puis au-dessus d’un autre cours d’eau… la rivière Nakagawa dont nous parlions tout à l’heure ; c’est sa partie en amont qui a été détournée et qui se jette dans la baie de Tokyo en longeant le fleuve Arakawa… exactement comme le ferait le tracé des deux roues arrière d’un tricycle géant, oui, c’est bien ça ^_^).

La rivière Nakagawa, l’autoroute périphérique et, de l’autre côté, le fleuve Arakawa

À la sortie du pont Komatsugawa (Aviez-vous déjà oublié son nom ? Moi aussi.), nous entrons dans le parc Komatsugawa-Sakaigawa-Shinsui (小松川境川親水公園). Ouille, ça ne sera pas facile à retenir, un nom pareil ! L’important à retenir, s’il faut retenir quelque chose, c’est que c’est un parc hydrophile, à cause du 親水 (ne cherchez pas la définition du parc hydrophile sur le Net, ça n’existe pas). Vous verrez, il y a de l’eau dans le parc, celle de la rivière Komatsugawa-Sakaigawa.

Mirumiru dans le parc Komatsugawa-Sakaigawa-Shinsui

Si vous lisez le japonais et jetez un coup d’œil sur la carte, vous vous demanderez sans doute pourquoi le nom du parc contient deux noms de rivière (« gawa ») alors qu’il n’y a qu’un seul cours d’eau sur la carte. Pour comprendre, il faut remonter à la période 1889-1914. À cette époque, le premier gawa du nom de la rivière Komatsugawa-Sakaigawa ne signifiait pas rivière, mais le « lieu où coulait la rivière Komatsugawa ». C’était une division administrative, pas une rivière. Il n’existait déjà plus de rivière Komatsugawa à Tōkyō. Aujourd’hui, la version japonaise de Wikipédia en présente 13 en tout, un peu partout à travers le Japon, mais aucune à Tōkyō. Pour faire simple et ne parler que de la période 1889-1914, Komatsugawa correspondait à l’emplacement de deux villages, Komatsugawa Est (東小松川村) et Komatsugawa Ouest (西小松川村), divisés par une rivière… la rivière Sakai, littéralement la rivière qui sépare. C’est pour ça que Komatsugawa-Sakaigawa signifie « rivière Sakai de Komatsugawa », et non Rivière Komatsu - Rivière Sakai.

En passant, à l’époque Edo les embarcations naviguaient librement sur les cours d’eau de la capitale, cours d’eau qui alimentaient les terres agricoles et servaient au transport des gens, mais aussi des excréments et des produits agricoles. Avec l’urbanisation des années 1950, ces rivières de la capitale étaient souillées par l’évacuation des eaux usées des ménages, et elles ont donc été remplacées par des canalisations d’égouts. Devenues inutiles, plusieurs rivières ont été réaménagées, à partir des années 1970, en ce que j’appelle ici des « parcs hydrophiles » (親水公園). L’eau qui coule dans ces parcs (quand elle coule…) a retrouvé sa limpidité d’autrefois.

À suivre…


Principales sources consultées pour la petite histoire de la rivière Komatsugawa-Sakaigawa : le billet de Geopottering, Wikipédia et 江戸川フォトライブラリー .


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