Sur les traces de Geo Pottering ­(16)

Les Cent vues d’Edo de Hiroshige à vélo : Estampe 11

(Balade du 4 janvier 2020)


Tracé et points d’intérêt du parcours


Liens : Compte rendu en japonais / Fichier gpx en français / Google Map / Garmin Connect / Ride With GPS / Vidéo


Longueur du parcours : 21 km

Niveau de difficulté : Facile (terrain plat)

Trajet jusqu’à la quatrième estampe du parcours (onzième de la série)

■ Entrée de Shinagawa-shuku (gare Shinagawa ou Kita-Shinagawa)

▸ … (billets précédents)

▸ Sanctuaire Ebara : 3,8 km

▸ Temple Honsenji : 4,7 km

▸ … (billet suivant)

■ Gare Tamachi (21 km)


🚴 Dans le dernier billet, nous nous sommes quittés sur le sommet du monticule Shinagawa Fuji. Nous allons redescendre, quitter l’enceinte du sanctuaire de Shinagawa et nous diriger vers celui d’Ebara (荏原神社). Ce faisant, nous passons devant le sanctuaire Kashoku Inari (稼穡稲荷) où un gros Ginkgo biloba (イチョウ) attire l’attention avec ses protubérances bizarres en forme de stalactites, d’autant plus visibles en janvier que l’arbre a perdu toutes ses feuilles.

Sur la carte, nous nous trouvons maintenant tout près de la rivière Meguro (目黒川), que surplombe ici le pont Chinju (鎮守橋). En longeant la rivière, nous arrivons bientôt au sanctuaire Ebara. À l’entrée, la divinité Ebisu nous accueille avec un sourire bienveillant, derrière un gros torii tout en bois.

Sanctuaire Ebisu, balade du 28 janvier 2023

C’est un très vieux sanctuaire, dont la fondation remonte à l’an 709 (le bâtiment n’est toutefois pas le même qu’à l’époque, on s’en serait douté…).

Nous passons devant les komainu… celui-ci, splendide, monte la garde d’un air féroce.

En poursuivant vers l’est, nous arrivons au pont Shinagawa de l’ancienne route du Tōkaidō.

Pont Shinagawa, balade du 28 janvier 2023

Le parcours passe ensuite par le temple Honsenji (品川寺). Y trône le premier des six gros jizō d’Edo, érigé en 1708 (le sixième et dernier le sera en 1720). Ces jizō étaient disposés le long des routes principales d’Edo. Celui-ci, appelé Bosatsu en japonais (菩薩), correspond en sanscrit au bodhisattva Kshitigarbha. Vous retiendrez ce nom si vous parlez couramment le sanscrit… moi je vais me contenter de Bosatsu, c’est plus facile à retenir pour ma petite caboche de vélo.

La grosse cloche de ce temple a beaucoup voyagé… Au 19e siècle, après avoir été exposée à Paris puis à Vienne, elle s’est comme qui dirait évanouie, avant de réapparaître quelques dizaines d’années plus tard à Genève, d’où elle a été rendue au Japon. Les échos du retour de cette cloche résonnent encore aujourd’hui sous la forme d’un accord de villes jumelées entre l’arrondissement de Shinagawa et la ville de Genève, et d’une rue qui a été renommée « Avenue de la Paix ».

Tout ceci nous amène enfin à la quatrième estampe de cette balade, la onzième de la série des Cent vues d’Edo. Elle a pour titre « Minami Shinagawa et la côte de Samezu » (南品川鮫洲海岸).

Minami Shinagawa et la côte de Samezu, février 1857 (estampe 109 sur Wikipédia)

À l’horizon, le mont Tsukuba ; à gauche, des maisons le long de la route du Tōkaidō ; et dans la baie, de petites embarcations qui circulent à travers les algues comestibles (nori). En janvier 2020, les cyclistes sortaient de table le ventre plein quand ils sont passés par là… et ils ont oublié d’aller sur les lieux de l’estampe. En janvier 2023, nous n’avons pas fait la même erreur, alors voici une photo en exclusivité pour les lecteurs du blog de votre serviteur, Béni-le-Rouge. ^_^

Vous aurez deviné que plus personne ne cultive aujourd’hui les algues dans ces eaux, au cœur de la ville. Il semble bien, également, qu’Hiroshige ait en quelque sorte inventé en partie ce paysage, car selon certains spécialistes, le mont Tsukuba n’était certainement pas visible de cette façon-là, même à l’époque du peintre.

Le samezu du titre de l’estampe signifie « banc de sable du requin ». À l’époque de Kamakura (1185-1333), un pêcheur aurait trouvé une statuette du bodhisattva Kannon dans le ventre d’un requin pris dans ses filets, et l’endroit en question aurait alors pris le nom de « côte du requin » en référence à cet événement. Mais ça c’était à l’époque de Hiroshige, car aujourd’hui ce pieux requin n’apparaît plus nulle part dans la toponymie du quartier…

À suivre


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