Noël 2021, première partie

C’était un 25 décembre, en plus d’être un samedi matin. J’en ai fait notre journée de congé, la seule, pour cette période de fin d’année où les contrats de traduction pleuvent, chaque année, pour ceux qui profitent de l’occasion pour se venger des mois creux — car il y en a dans ce métier — et nous avons pris le train pour Tsukuba.

J’avais prévu de partir avec Dahon, récemment remis à neuf (ou presque) avec des pneus et des freins neufs, mais quand j’ai tendu les bras pour le saisir, Grincheux avait l’air tellement triste de rester derrière que j’ai craqué et l’ai amené, laissant Dahon derrière nous. Ça l’a déçu, c’est sûr, mais en bon vétéran et grand philosophe, il a accepté de rester au chaud à la maison pendant que nous partions affronter les vents frisquets du nord-ouest.

Après avoir contemplé à satiété le paysage brumeux le long de la ligne Tsukuba Express, nous sommes descendus à la gare de Tsukuba et avons pris la sortie A1.

La dernière fois, j’avais mis une bonne quinzaine de minutes à replier le foutu sac à vélo, mais cette fois-ci je m’étais pratiqué à la maison avant de partir, et cinq minutes à peine ont suffi. En faisant le calcul, ça se traduit par trois fois moins de jurons adressés à la fermeture-éclair du sac. Pas si mal…

Pour nous (Grincheux et moi), les environs d’une gare comme Tsukuba n’ont rien d’intéressant. Ce n’est qu’un simple point de départ, puisqu’il faut bien partir d’une gare.

Comme Tsukuba n’est pas une si grande ville, quelques feux de circulation suffisent pour quitter l’urbanité, atteindre la campagne et retrouver notre sourire béat de banlieusard (celui qui fait oublier la fermeture-éclair du sac à vélo) plongé dans la ruralité.

La première surprise de la matinée a pris la forme rondelette d’une maison en forme de dôme. Nous ne pouvions pas la rater, parce qu’elle nous criait littéralement dans les yeux, avec une sonorité visuelle quasi éblouissante, hurlant qu’il fallait la prendre en photo. Ce qui donna ceci.

  • La maison a sûrement dû coûter très cher, parce qu’on dirait que le proprio n’a pas eu les moyens de terminer la clôture.
  • Grincheux…

Un peu plus loin (pardonnez le flou, NiponiKa Bulogula n’est pas un guide touristique, nous faisons dans l’à-peu-près à saveur impressionniste, pas dans le pratico-descriptif), un peu plus loin, donc, un arbre nous a envoyé la branche comme d’autres envoient la main (j’ai nommé Homo sapiens), et pour le remercier nous l’avons immortalisé. Il y a de ces arbres qui, dans les champs tristes de l’hiver vous font oublier, par leur seule présence enracinée, les mornes pâleurs de la saison.

Encore un peu plus loin, et toujours dans la même veine impressionniste, nous avons tous deux été impressionnés par ces pêcheurs du samedi qui, nous l’aurions juré, tentaient de capturer les petits poissons cachés entre les ramifications des reflets arborescents.

À suivre…