Au bord de l’eau — 水際

Ce matin, Grincheux voulait retourner du côté de Teganuma (手賀沼) puisque nous n’avions pas le temps de prendre le train.

  • Une petite sortie de 50 km, ça serait bien, a-t-il dit en frémissant des pédales.

Il ne croyait pas si bien dire, parce qu’au retour, en arrivant devant la maison le compteur indiquait 49,99 km. Ça nous a presque donné envie de rouler jusque chez le voisin pour atteindre le cap des 50, mais finalement nous avons laissé tomber, ça ne faisait pas assez sérieux.

Nous avons donc fait le tour de cette étendue d’eau ce matin, mais pour nous y rendre il fallait se taper 10 km de piste cyclable le long du canal Tone et du fleuve Tone, puis couper à travers la ville de Kashiwa et son trafic sur une distance de 5 km.

Sur la piste, une créature humaine motorisée nous a survolés de près en faisant un bruit d’enfer. Grincheux a insisté pour que je prenne une photo avant que l’énergumène ne s’éloigne trop, et ça a donné ça :

Moi, la photo j’étais contre, parce que tous ces trucs à moteur, ça m’énerve un peu. Surtout qu’on n’entendait même plus Grincheux grincer, c’est tout dire…

Plus loin, en coupant à travers la ville, nous sommes tombés sur une bonne douzaine de jizō, mais le soleil n’en éclairait que trois pour la photo. Niponika (ça c’est moi à la troisième du singulier, pour faire changement), Niponika, donc, les a quand même immortalisés encore un peu plus qu’ils ne l’étaient déjà. Numériquement cette fois.

Je sais pas trop à quoi ressemblaient les autres à l’ombre sur la droite, mais ces trois-là semblaient former une belle famille si j’en crois leurs visages, avec la fille à gauche, suivie du père et de la mère. En regardant leur accoutrement typique des jizō, Grincheux m’a fait remarquer que ça serait parfait pour moi, parce qu’en décembre, quand il vente, c’est un peu froid à vélo pour la tête et pour la gorge.

Autour du teganuma, qui n’a de marais que le nom et se donne des allures de lac tellement il est grand pour un étang (la photo ne montre qu’un tout petit bout de la chose, comme la minuscule cédille d’un gigantesque Ç), il y avait des tas de coureurs, de marcheurs, de cyclistes et, encore plus près du bord, des tas de pêcheurs.

Et au milieu, il semblait y avoir quatre kappa, mais impossible d’approcher pour vérifier, Grincheux ne sachant pas nager.

Ce fut donc une sortie en bordure d’eau, comme dans mizugiwa 水際.

Dans les médias, depuis la COVID-19 on n’entend parler que de 水際対策. Les mesures prises au bord de l’eau, en quelque sorte.

Le Japon étant un archipel, il lutte contre la COVID-19 en prenant des mesures pour l’empêcher de pénétrer par ses frontières naturelles, donc des mesures au bord de l’eau : restrictions ou interdictions d’entrée par les ports et les aéroports, et quarantaine pour ceux qui ont le droit d’entrer.

Une fois dedans, on essaie d’oublier la COVID en contemplant les paysages d’automne.


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