Gare de Kurihashi 栗橋駅

La météo annonçait des vents puissants pour toute la journée de samedi, en provenance du nord-ouest. Grincheux et moi avons donc décidé de prendre le train jusqu’à la gare Kurihashi (栗橋駅) et de nous laisser pousser dans le dos jusqu’à la maison sur un peu moins de 50 km, en traversant ou longeant les villes de Kuki, Satte, Kasukabe et Noda (久喜市、幸手市、春日部市、野田市).

Ce parcours, emprunté au site Geo Pottering, a été conçu pour le début du mois d’avril, alors que les fleurs de cerisier s’en donnent à cœur joie. Il traverse plusieurs parcs, et, à Kasukabe, un sentier bordé de 350 cerisiers sur une distance de 3,1 km.

Un vrai délice pour les yeux en avril… sauf que nous étions fin novembre. Résultat : nous n’avions guère de pétales sous les pédales.

Faute de fleurir, deux membres de cette communauté cerisienne faisaient sourire.

  • Un planteur ivre, d’après toi ? me demande Grincheux.
  • Ou peut-être deux amoureux, assis sur le banc, qui ont voulu immortaliser le souvenir d’un premier baiser en jetant deux graines dans une fissure de l’asphalte ?

Mais reprenons depuis le début, car ce genre de récit de voyage doit toujours commencer par une photo de la gare de départ.

Rien d’extraordinaire à signaler, sauf qu’il a fallu une bonne quinzaine de minutes sous le vent pour replier et fermer le sac à vélo (輪行袋) avec sa fermeture-éclair malicieusement calculée au micromillimètre près pour que le sac ne se referme qu’après une bonne série de jurons. Puis nous sommes enfin partis à l’aventure, avec comme première découverte une grenouille avec ses petits sur le dos. (Si tant est qu’une grenouille puisse reconnaître ses propres petits, de murmurer Grincheux…)

Puis, à la sortie du parc de cerisiers de Satte, Grincheux est allé saluer deux chèvres à l’abri du vent et saturées de soleil.

Si nous n’avions pas de cerisiers en fleurs, nous avions quand même de brefs moments de nirvana sous l’agonie automnale de la couverture végétale.

La machine à liqueur, et même les toilettes semblaient se réjouir à la vue de ce jaune envahissant.

Plus loin, en passant à travers des ruelles rurales (ça existe ?), nous sommes tombés sur un jardin où l’on demandait aux passants de ne pas laisser leur chien se soulager dans le jardin.

Ce qu’il y a de bien, avec les parcours de Geo Pottering, c’est qu’il y a toujours des détours qui mènent soit à un coin intéressant, soit à une toilette publique, soit à un endroit pour manger. Ce coup-ci le GPS nous a conduits dans une halte routière.

En japonais, ça se dit 道の駅. J’ai déjà eu à traduire 道の駅 pour un site Web touristique, et il n’y avait pas de solution parfaite pour les lecteurs francophones d’Europe. D’ailleurs, Wikipédia ne propose rien pour la traduction de ce michi no eki et se contente de donner la traduction littérale : « station du chemin ». Or, en québécois la traduction ne pose aucun problème. N’importe quel Québécois comprendra, si on lui dit que michi no eki correspond à halte routière, que c’est un endroit aménagé au bord de la route pour les camionneurs et les automobilistes, pour y faire une pause, se restaurer, etc.

Je me suis donc restauré à cette halte routière pendant que Grincheux se reposait à l’abri du vent.

Parce que juste à côté, le vent s’amusait dans les drapeaux publicitaires.

Le ventre plein et les pneus refroidis, nous sommes ensuite tombés sur une improbable Impala au beau milieu de nulle part.

Puis Grincheux a encore freiné brusquement pour que je prenne en photo ces quelques fleurs. Ce qui surprend chaque fois dans ces paysages ruraux, c’est l’effort déployé par les paysans du coin pour enjoliver le paysage en bordure du chemin : les légumes, on les fait pousser derrière.

En traversant la ville de Noda, une maison traditionnelle à toit de chaume (touristique, non habitée) nous a fait de l’œil. Voici quelques clichés extérieurs et intérieurs.

La randonnée, qui tirait à sa fin, s’est poursuivie avec une photo de sanctuaire (encore une).

Il ne restait plus qu’à se laisser pousser par le vent vers le sud-est pour les quelques kilomètres qui nous séparaient encore de la maison.


Ajout du 30 novembre

Un lecteur français m’informe par courriel que l’équivalent de la halte routière du Québec est simplement une aire de repos en France. Passez le mot !


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