ビール

Trop de travail depuis le dernier billet pour pouvoir faire de longues sorties à vélo, malgré le beau temps. Pour encore un certain temps, il faut prendre son mal en patience et se contenter de petites sorties aérobiques d’une heure ou moins, tôt le matin ou en fin d’après-midi, juste pour garder la forme et s’assurer que Grincheux ne grinc(h)e pas trop.

Rouler tous les jours sur la piste sans trop s’éloigner de la maison peut vite devenir monotone, alors de temps à autre il vaut mieux la quitter pour explorer les environs. Il y a toujours quelque chose de nouveau à y découvrir, comme ce célèbre lecteur qui transportait par derrière la matière qui, lorsqu’on la transforme en papier, nourrit la matière grise par devant.

Il y avait, au fond de la cour, sur la gauche, un véhicule tout métallique transformé tout en boutique. Avec, si vous regardez bien, un faux hibou d’une vraie discrétion.

Le temps se refroidit pas mal ces jours-ci, mais on aperçoit encore ici et là quelques manifestations végétales et frileuses de la vie qui se font bronzer sous les faibles rayons d’un soleil déclinant.

D’autres jours, on s’aventure encore une fois vers le Fusebenten pour y prendre quelques photos. Aujourd’hui, le téléphone n’a pris que de médiocres clichés des bâtiments, mais pour deux des arbres vénérables qui vivent dans l’enceinte de ces lieux spirituels, il a déployé quelques efforts dont Grincheux et moi lui sommes reconnaissants.

Premier effort

Deuxième effort


Retour en arrière

Été 1991, premier voyage au Japon, pour participer à un congrès international d’une semaine pour étudiants organisé par la banque Tōkai. L’événement dure une semaine, et je profite du visa de vacances (3 mois) pour visiter le pays par la suite.

J’ai la chance d’avoir une bonne amie québécoise à Osaka, et elle accepte de m’héberger le week-end chaque fois que j’en éprouve le besoin. Le reste du temps, je parcours le Japon en train, en bus et en solitaire.

Un vendredi après-midi, après avoir exploré au petit hasard quelques coins de campagne, je reviens en ville tout en sueurs, sale, puant et complètement crevé. Mon amie étant absente, je dois attendre son retour et j’ai la gorge terriblement sèche, donc je décide de partir à la recherche d’une « machine à bières » dans le quartier.

Je n’ai pas les chiffres pour cette année-là (1991), mais en 1996 il y avait environ 190 000 machines distributrices de bière dans les rues du Japon. On en trouvait partout. Aujourd’hui, il n’en reste même plus le dixième.

J’arrive donc, tout sale, devant une machine. Un sans-abri est assis juste à côté et savoure, avec un sourire de moine bouddhiste en contemplation, le plus gros des formats (1,5 litre si ma mémoire est bonne).

Alléché, je fouille dans mes poches et constate que j’ai tout juste assez d’argent pour acheter la plus petite bière (100 ml). Je ne parle pas encore japonais en 1991, mais un simple regard suffit entre le sans-abri (pauvre en principe) et le touriste (pas pauvre en principe) : lui avec sa maudite grosse bière, et moi avec ma petite gorgée en canette.

Nous échangeons de petits sourires gênés, puis, après un court silence, éclatons de rire.