Chiba rural, balades de fin d’année

Kinomaperies

L’année 2023 s’achève… plus que quelques heures avant le retentissement des premiers gongs de 2024 dans les innombrables temples de l’archipel. Innombrables, comme l’illustre bien le choix du nom d’un site consacré aux temples et sanctuaires du Japon : 八百万の神, Yaoyorozu no kami, Une myriade de divinités. Curieusement, le créateur du site y explique qu’il a choisi ce nom, non pas pour exprimer la multitude des divinités vénérées ici, mais plutôt la culture polythéiste (多神教文化) du Japon.

Nous avons beaucoup roulé en décembre, et ajouté quelques centaines de kilomètres, dont quelques dizaines filmées, à notre exploration de la préfecture de Chiba. Ça nous a fait visiter ou croiser beaucoup de temples et sanctuaires, sans toutefois apercevoir les divinités qui les habitent — mais elles nous ont peut-être vu passer, qui sait ?

Nous en sommes à 60 vidéos publiques sur Kinomap, étalées sur près de 600 km, et d’une durée totale de 34 heures. Certaines sont classées « Excellent », d’autres « Good », pour des raisons qui nous échappent parfois un peu. J’ai vaguement l’impression que, pour être jugée excellente, une vidéo doit avoir les caractéristiques suivantes.

  • Bonne stabilisation de l’image
  • Bonne durée de la balade
  • Intérêt du paysage
  • Continuité du filmage (pas trop d’arrêts)
  • Nouveauté du trajet (ne pas filmer deux fois au même endroit)

Sur ce dernier point, et en supposant que j’aie raison, ça pose un peu problème parce que j’ai l’intention de filmer la variation des saisons, thème si cher aux habitants de ce coin de la planète. Par contre, bien des vidéos pour lesquelles je reçois des « J’aime » sont classées seulement « Good », tandis que, bien souvent, celles classées « Excellent » laissent les utilisateurs de l’application indifférents.

C’est le cas, notamment, de cette courte vidéo filmée près de la gare de Narita. Mon bipède a roulé lentement dans la rue Omotesandō (表参道) de Narita-san (成田山), en imaginant qu’un hobbit marchait ou courait lentement entre les boutiques et commerces.

Soit qu’elle était trop courte, soit qu’elle n’avait pas été filmée en marchant avec la caméra sur le casque de mon bipède… elle n’a pas été jugée excellente. Ça ne l’empêche quand même pas d’être une des plus populaires de nos vidéos de décembre auprès des utilisateurs de l’appli.

Cette balade de hobbit a été filmée le 12 décembre dernier, et nous avons récidivé le 29, cette fois-ci en traversant non pas la rue Omotesandō, mais le temple lui-même. 👉 Quand j’écris « le temple », il faut penser à l’ensemble des bâtiments qui le composent, et non pas à un seul. Cette distinction a son importance, parfois, autrement on s’y perd vite dans la terminologie discursive ou la toponymie intuitive (ne réfléchissez pas trop longtemps, il n’y a rien de profond sous ces « ives »).

Ce coup-ci, je n’ai pas osé mettre le mot « Hobbit » dans le titre de la vidéo… de crainte d’agacer les plus orthodoxes des usagers. Quoi qu’il en soit Narita-san se trouvait sur notre tracé GPS, il fallait passer à travers et une affiche, à l’entrée par laquelle nous sommes arrivés, disait de descendre de vélo pour circuler dans ces lieux. Ce qui se comprend parfaitement et n’était possible parce que nous n’étions que le 29 décembre… Du 1er au 3 janvier, quelque 3 millions de personnes iront à Narita-san pour hatsumōde.


Quelle que soit la qualité des vidéos dixit Kinomap, derrière la caméra nous vivons parfois des moments inoubliables…

Au retour d’une balade sous forme d’aller-retour entre le canal Tone et la baie de Tōkyō, à la toute fin de la dernière séquence vidéo je me suis trouvé coincé dans la dernière des stupides barrières qui forcent les cyclistes à ralentir beaucoup plus que nécessaire. Il y a deux barres horizontales, près du sol, qu’il est possible de franchir sans s’arrêter à condition de mettre les pédales à la verticale (une pédale en bas et l’autre en haut). Autrement, ça accroche. Avec le temps on s’habitue, mais ce coup-là un imprévu s’est présenté sous une forme inattendue (c’est d’ailleurs la définition d’un imprévu 😂), en ceci que c’est mon sac, rempli plus que d’habitude (des vêtements plus chauds au cas où), qui s’est coincé dans la barrière. Heureusement nous en étions à la 29e minute, juste une de moins que la durée cible que nous avons fixée (arbitrairement) pour essayer d’obtenir la mention « Excellent » le plus souvent possible (j’ai vaguement l’impression qu’une durée de 30 à 45 minutes plaît à Kinomap).

Sur cette vidéo filmée depuis le sanctuaire Hitokotonushi (一言主神社), à 15:14 quelqu’un fait sonner le gong au temple Myōonji (妙音寺). Nous étions certains d’être seuls sur les lieux, ça nous a fait sursauter. Juste un peu plus loin, à l’étang Sugaonuma (菅生沼), il n’y avait toujours pas de cygnes. Le temps chaud semble retarder leur venue cette année.

Sur cette autre vidéo, j’avais prévu un parcours relativement facile sur du gravier. Or, il y avait des travaux en cours dans ce coin-là et mon compagnon bipède m’a torturé pendant quelques kilomètres, à partir de 8:00. Un vélo pliant à roues de 14 pouces, avec la poulie du dérailleur à ras le sol, ça ne roule pas dans des endroits pareils !


Le collectionneur

Dans une balade du 23 décembre entre les gares Monoi (物井駅) et Narita (成田駅), nous sommes passés devant le petit château d’un collectionneur de trucs abandonnés. Le bipède a pris quelques photos.

Sur cette dernière photo on aperçoit, au fond à droite, le château du collectionneur. Nous nous sommes arrêtés sous ce toit de chaume pour faire la pause. Un homme qui prenait une marche tout près nous a expliqué que c’était un type du coin qui ramassait des objets abandonnés à ses temps libres. Mon bipède aurait bien aimé entrer jeter un coup d’œil à l’intérieur. Malheureusement, le proprio était absent, comme le dit l’homme en nous (re)croisant au tout début de la vidéo.


杮 et 柿

Le même jour, nous sommes tombés sur un sanctuaire au cœur d’un boisé. Un petit coin parfait pour la pause du midi. Une fois repus, nous avons commencé à filmer la descente dans le sentier forestier, mais il y avait tellement de branches qu’il a fallu arrêter plusieurs fois, à un moment j’en avais une de coincée dans la chaîne, et un plus loin, une autre entre le pied (kickstand) et le cadre, ça devenait dangereux.

La construction du sanctuaire remonte au moins au XVIIe siècle.

Pour ceux qui s’intéressent aux kanjis, notez que le caractère 杮 de kokera ( 杮葺 (こけらぶき) ) sur la pancarte ressemble comme deux gouttes d’eau à celui du fruit kaki (柿, plaquemine).

Tandis que la partie droite du kanji du fruit est composée de « 亠 » (なべぶた) et de « 巾 », avec un espace entre les deux, celle de kokera pour le toit de bardeaux utilise « 市 » tout d’un bloc, sans espace entre les parties du haut et du bas. Pour vous en convaincre, ouvrez le dico de jisho.org…

Kaki

Kokera


👉 Voilà, ça sera tout pour 2023. Revenez nous voir (et regarder avec nous) en 2024 si le cœur vous en dit…


Vous pouvez laisser un commentaire anonyme en cliquant simplement sur « Post »