Vélo virtuel dans l’Étroit sentier du Nord : Retour sur la Barrière de Shirakawa, 26 juin 1689

卯の花を かざしに関の 晴着かな (河合 曾良)

Auteur : Béni-le-rouge

Aujourd’hui, comme j’avais quelques dizaines de kilomètres d’avance sur les autres vélos, je me suis arrêté à la station thermale d’Iizaka (飯坂温泉). J’en ai profité pour prendre un peu de repos et revenir sur le premier haïku du carnet de voyage de Bashō pour ce deuxième tronçon du voyage, à la Barrière de Shirawaka (白河関).

C’est Sora, disciple avec lequel Bashō voyageait, qui a composé le premier haïku de ce tronçon.


卯の花を かざしに関の 晴着かな

Unohana wo kazashi ni seki no haregi kana

卯の花 : « unohana », ce sont des fleurs de deutzia. Elles jouent ici le rôle de mot de saison (季語) en évoquant l’été, puisqu’elles fleurissent au début de l’été.

かざし: « kazashi », c’est une fleur que l’on se met dans les cheveux.

関 : « seki », c’est ici la Barrière de Shirakawa.

晴着 : « haregi » renvoie aux vêtements portés les  « jours de beau temps », c’est-à-dire les grands jours de cérémonie.

 かな : « kana » est le kireji (切れ字), qui conclut ce haïku sur une exclamation.


Dans son carnet de voyage, Bashō explique que, selon le poète du XIIe siècle Fujiwara no Kiyosuke, les nobles en déplacement sur les routes soignaient leur coiffure et leurs vêtements lorsqu’ils devaient franchir une barrière. Mais comme Bashō et son disciple Sora n’ont sur eux que de simples vêtements de voyage lorsqu’ils arrivent à la Barrière de Shirakawa, Sora propose, dans son haïku, de soigner leur tenue en se décorant la tête de fleurs de Deutzia.

On dit de Sora qu’il a inventé l’expression 関の晴着 (seki no haregi), qu’on pourrait traduire par « tenue soignée de barrière ».

Il faut que je finisse cette courte note avec une tentative de traduction du haïku en format 5-7-5 et avec l’exclamation finale. Voyons voir…

卯の花を かざしに関の 晴着かな

Fleur de deutzia

fichée pour coiffure formelle

à la barrière !

Quelqu’un dit mieux ?



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