De la gare de Narita à la gare d’Ōami, en passant par la plage de Kujūkuri

Date 15 mai 2022 (dimanche)
Départ Gare de Narita (成田駅), 9 h 27
Arrivée Gare d’Ōami (大網駅), 17 h 35
Distance 70 km
Type de trajet Principalement de petites routes rurales à travers les rizières
Météo Nuageux et frisquet toute la journée
Résumé Sortie à vélo avec six membres de geopottering.com

J’ai mis du temps à rédiger ce billet, parce que je ne savais pas trop sous quel angle l’aborder, tellement l’expérience était différente de mes sorties habituelles en solo.

Le groupe de geopottering s’était donné rendez-vous à la gare Narita de la ligne Keisei (京成成田駅), pour un départ prévu à 9 h 30. M’étant levé vers 3 h 30 ce matin-là (c’est l’âge qui fait ça, les nuits deviennent fragiles et les rêves friables), j’avais eu amplement le temps de préparer Béni-le-rouge et de prendre le train jusqu’à la gare Narita de JR, située tout juste à côté de celle du même nom sur la ligne Keisei.

Avec le temps et l’habitude, la frénésie avec laquelle je prends le train pour aller rouler à vélo s’estompe peu à peu, mais ce matin-là j’étais curieux de voir comme cela allait se dérouler…

Je suis revenu avec beaucoup moins de photos que d’ordinaire, parce que la dynamique de groupe ne se prêtait pas à mon style habituel de sortie à vélo. Au lieu d’observer attentivement à gauche et à droite en roulant lentement, et d’essayer de rédiger mentalement mon billet à l’avance — ma médiocre mémoire se chargeant d’effacer mes paragraphes et de raturer mes phrases sans pitié au rythme de mon pédalier —, j’observais simplement, sans trop réfléchir, le groupe et sa façon de rouler.

À tel point que dans le train du retour, je me suis dit que cette fois-ci je n’aurais rien à raconter (sueurs froides).

À la sortie de la gare de la ligne JR, Béni discutait avec les pigeonspendant que je cherchais des yeux la sortie de la ligne Keisei, qui se trouve tout juste derrière le feu de circulation, à droite↓.

Matinée — 午前

Dès le départ du groupe, j’ai pris beaucoup de plaisir à voir les membres qui roulaient devant photographier ceux qui roulaient derrière.

Les deux leaders de geopottering ↓, Sider Lemon (サイダー レモン) et Salīna Chippolīna(サリーナ チッポリーナ)avaient chacun sa technique personnelle de le faire : lui par-dessus l’épaule, elle par derrière le dos.

見事な撮影ワザ!

Sider roulait sur un vélo noir Bridgestone Moulton, qu’il surnomme VOYAGER 2, et Salīna sur un vélo vert r&m BD-2.1 qu’elle appelle affectueusement Carmen 2. VOYAGER 2, avec ses roues de 17 pouces (je pense), et Carmen 2, avec ses roues de 18 pouces, sont un peu plus grands que Béni-le-rouge, dont le diamètre des roues ne fait que 14 pouces.

  • Oui, mais vendredi dernier tu m’as fait poser des gros pneus Big Apple, c’est presque des pneus ballons, donc ça me fait sûrement un diamètre de 15 pouces, si c’est pas plus…

  • Oups, je n’voulais pas t’insulter Béni… En tout cas tant mieux si ça te rend fier d’avoir grandi, moi c’était surtout pour être plus confortable (moins sentir les bosses).

Les autres membres roulaient tous sur des vélos pliants différents.

Pseudo en rōmaji Pseudo original Vélo
Sider Lemon サイダー レモン Bridgestone Moulton noir
Salīna Chippolīna サリーナ チッポリーナ r&m BD-2.1 vert
Reina Sor Fernandès レイナ ソル・フェルナンデス Harry Quinn électrique et pliant, tout neuf et tout rouge, que Reina apprend à apprivoiser petit à petit
Rei Hernandez レイ エルナンデス Vétéran r&mBD-3 bleu, que Rei songe à remplacer bientôt
Takisukī Kāpetto タキスキー カーペット Giant MR-4 argent
Mājiko Baulīnyo マージコ バウリーニョ Tyrell FX gris, à fourche avant rouge

Ce qui m’a le plus frappé en roulant en groupe, c’est qu’il fallait adapter sa vitesse à celle du peloton. Je roulais souvent derrière et, parfois, aurais bien aimé faire une courte pause pour observer certaines structures de plus près. D’autant plus que Sider, architecte de profession, aurait pu commenter l’architecture de certains bâtiments, comme ce restaurant ↓ qui semblait abandonné.

サイダーさん!ちょっと待って!この変な建物についてプロの意見が聞きたいの!あああ…もう行ってしまった!!!(苦笑)

Le groupe s’arrêtait parfois pour photographier la végétation. Ici ↓Salīna photographie une coccinelle (てんとう虫) sur une grosse feuille de menthe.

Juste avant, Sider m’a demandé si je connaissais la plante violette qui poussait juste à côté de la menthe. Je l’ignorais, mais j’aurais dû m’en douter à la couleur… il s’agissait de shiso (シソ, Perilla frutescens var. crispa), une plante originaire de Chine, et qui, saupoudrée en flocons (ふりかけ) sur le riz, en rehausse délicieusement le goût.

Dans un quartier résidentiel, nous sommes passés devant une habitation qui portait le nom français de « Maison d’Or Narita » (メゾンドール成田).

あ!お!フランス語だ!嬉しい(笑)


En moyenne, les gens de geopottering roulaient à 16 ou 17 km/h, donc un peu plus vite que Béni-le-rouge et moi le faisons normalement (notre moyenne varie autour de 14 à 15 km/h). En revanche, la pause du midi était longue et arrosée de bière, tandis que Béni et moi nous contentons généralement d’une vingtaine de minutes et d’une bouteille de thé.



Ci-dessous, Reina Sor Fernandès roule sur son vélo électrique, qui lui procure un net avantage dans l’ascension des côtes, mais la désavantage dans les descentes, où elle pédale dans le vide. Ce vélo Harry Quinn est une superbe machine, très agréable à regarder rouler.


Pour la pause du midi, nous sommes allés manger à la bonne franquette et à satiété dans un modeste établissement où l’on sert les fruits de mer directement tirés d’un bassin devant le resto. Les clients font la cuisson eux-mêmes, sur des réchauds au gaz.

ちょ、ちょっと…この魚は可愛そう、真っ二つになってしまって!泣き虫の『紅』に見せたら泣くよ…

Je m’étais assis tout au bout de la table, ce que je trouve toujours préférable en situation de langue seconde, la distance physique procurant un certain  « recul psychologique » qui permet de mieux se détendre, à l’écart du centre des discussions ou du brouhaha des conversations. Ça permet aussi, par moments, de cesser simplement d’écouter, sans offenser personne, pour observer les environs immédiats dans son propre silence mental.

Cette fois-ci, une petite affiche a attiré mon regard à la caisse. Elle disait : 『千客萬来』 (せんきゃくばんらい)évoquant la multitude des clients, « qui viennent à plein », en guise d’énoncé commercial performatif sur l’abondance de la clientèle, l’énoncé ayant pour but de contribuer à créer ce qu’il affirme. Quoi qu’il en soit, ce midi-là nous étions sept, plus deux ou trois autres clients attablés à l’autre extrémité de la salle.


Après-midi — 午後

Une fois repus, nous sommes allés sur un belvédère dont la vue donnait sur une immense aire de ground golf (グラウンドゴルフ), une variante du golf pour le troisième âge, qui se joue avec des maillets et boules de croquet. Juste derrière, l’océan Pacifique caressait le sable, faisant ronronner le littoral au rythme régulier de ses vagues.


Une glissade d’eau, dans un paysage côtier dont les buissons me rappelaient certaines régions isolées du Québec, à quelques variétés végétales près. Il y a quelques mois à peine, personne n’aurait pensé à l’Ukraine en passant par ici…

Un cerf-volant en forme d’oiseau de proie éloigne les ravageurs de la rizière

Les eaux paisibles d’une marina qui donne sur le Pacifique

なんか、息子の髪の毛に似てる…

Ces arbrisseaux crèveraient les nuages, s’ils osaient s’aventurer aussi bas


La piste cyclable, sur la plage de Kujūkuri, était complètement recouverte de sable par endroits. Impossible d’y rouler ce jour-là, comme l’ont constaté Reina et Rei.


最高のお風呂

Une douche rudimentaire, aménagée dans l’arrière-cour d’un dépanneur (kombini) pour les surfeurs et baigneurs qui souhaitent se défaire des grains de sable collés à la peau. Papa a fini de se rincer sous la douche, mais fiston continue d’apprécier la trempette dans la bassine…


Comme toujours, le compte-rendu de la sortie à vélo sera publié sur le site de geopottering.com, avec des photos et une vidéo. Je mettrai mon propre billet à jour pour indiquer le lien vers celui de geopottering, lorsqu’il sera en ligne.

J’ai bien aimé cette balade de 70 km en groupe, avec des cyclistes sympathiques qui apprécient la nature, les paysages, la bonne bouffe, le bon vin et la bonne compagnie. Nul doute que je répéterai cette agréable expérience de temps à autre, d’autant plus qu’en roulant avec des natifs on apprend des choses qui échappent forcément au regard de l’étranger. Même après vingt-cinq ans…



Vous pouvez laisser un commentaire anonyme en cliquant simplement sur « Post »